Quel est l'objectif de l'espace d'information maroco-allemand lancé la semaine dernière par la coopération allemande en partenariat avec l'ANAPEC ? Pour le Maroc, il s'agit d'informer au départ, pour l'Allemagne l'accent est mis sur les retours. Jeudi 14 septembre 2017, l'ANAPEC et l'agence allemande de coopération internationale GIZ ont lancé le premier «Espace d'information Maroco-Allemand pour la migration et l'insertion professionnelle» situé au sein de l'agence ANAPEC La Résistance. Cette collaboration est très révélatrice du grand malentendu qui entoure les tentatives des pays émetteur et récepteur des migrations internationales pour mener des actions communes alors qu'ils poursuivent des objectifs opposés. Pour l'ANAPEC, selon son communiqué officiel, ce centre d'information vise à «informer d'une manière continue sur les possibilités de formation et de travail en Allemagne, tout en fournissant des conseils personnalisés concernant les conditions cadres préalables à une migration légale vers ce pays qui représente l'une des destinations les plus importantes pour les marocains». Côté marocain, il s'agit là de l'unique objectif de ce bureau d'information. Pour l'Allemagne, le premier objectif mentionné par Michael C. Pietsch, Premier secrétaire, conseiller politique et chef du service de Presse de l'ambassadeur d'Allemagne à Rabat, est à l'opposé : «le but était de ne pas laisser quelqu'un seul de ne pas l'abandonner. Notre objectif est d'aider le Maroc à accueillir ses citoyens qui rentrent dans leur pays», insiste-il. Renverser la tendance migratoire ? L'aide à accorder aux Marocains qui voudraient partir travailler ou étudier en Allemagne semble secondaire pour l'Etat allemand. «L'une des taches de ce point d'information est de faire savoir aux Marocains qui veulent travailler Allemagne les opportunités qui existent. Cela couvre des questions comme la reconnaissance des qualifications. C'est aussi un espace pour avoir des informations exactes sur la réalité des perspectives de travail en Allemagne, sur les procédures de visa. Il facilitera donc la migration légale, explique le premier secrétaire avant d'ajouter, l'idée est de donner une image réelle du marché du travail en Allemagne pour éviter les mauvaises surprises les déceptions, les refus de visa également.» La logique de retour aura-t-elle le dessus sur la logique d'information au départ ? Difficile de répondre puisque si la mise en place de ce point d'information et permise par des subsides allemands, sa gestion quotidienne a été confiée à l'ANAPEC. Dans la réalité, aujourd'hui, les départs restent largement supérieurs aux retours. «En 2016, 876 Marocains se sont rendus en Allemagne pour y poursuivre leurs études. Ces dernières années, près de 250 Marocains se sont également rendues en Allemagne pour un séjour supérieur à trois mois et pour un motif professionnel, révèle Michael C. Pietsch. L'an dernier, 226 ressortissants marocains [ont été renvoyés] par l'Allemagne, un nombre auquel s'ajoutent les Marocains qui rentrent au Maroc de leur propre chef. »