La mort de Kamal Ammari, militant du mouvement du 20 février, jeudi dernier a Safi, a soulevé l'indignation des proches et des militants du 20 février, qui estiment que Ammari est mort à cause des blessures infligées par les forces de l'ordre lors de la manifestations du 29 mai. Une autopsie a été effectuée, dont le résultat a été rendu public lundi. Les coups reçus «habituellement bénin» n'ont pu entrainer la mort qu'à cause d'un pneumopathie extensive dont souffrait Ammari, selon les médecins légistes. Pour eux, cette pneumopathie serait à l'origine de la mort du militant, mais l'autopsie suggère également que s'il n'avait pas été frappé, il serait toujours vivant. Le résultat de l'autopsie est tombé. Dans un communiqué adressé à la MAP, le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Safi a annoncé hier que «le rapport des médecins légistes a conclu que le décès est dû à une pneumopathie extensive avec anoxie cérébrale. Cette pneumopathie a aggravé les effets d'un traumatisme thoracique non compliqué et habituellement bénin et a entraîné la mort en l'absence d'un traitement précoce et adéquat». Explications : Pneumopathie extensive, une maladie très handicapante La pneumopathie extensive, en termes plus simples est une pathologie dégénérative qui touche les poumons. Ils deviennent «fibreux», se durcissent et par conséquent les échanges gazeux se font moins bien, d'où une hypoxie générale, nous explique un pneumologue casablancais. C'est l'ensemble du corps qui est mal où sous-oxygéné. Dans le cas de Kamal Ammari, les médecins légistes ont évoqué l'anoxie cérébrale (un manque d'oxygène dans le cervau), parce-que le cerveau est un gros consommateur d'oxygène. Une pneumopathie extensive ne passe pas inaperçue, elle handicape la vie quotidienne, rendant la respiration difficile. Un corps souffrant d'une telle maladie, est toujours plus sensible s'il est exposé à de la violence physique. En d'autres termes, des coups portés à la poitrine de Kamal Ammari auraient causé un traumatisme thoracique. Ce traumatisme n'aurait pas forcément eu de conséquences mortelles, mais dans ce cas, la victime était atteinte d'une maladie, une pneumopathie extensive, qui a rendu son corps plus sensible à des traumatismes. Par conséquent, pas de coups, pas de décès ? Une enquête sur les circonstances du décès Sous la pression du comité de soutien à Kamal Ammari (AMDH, Jeunes du mouvement du 20 février ainsi que son avocat), Amnesty international et le CNDH qui a dépêché une commission d'investigation sur place, le parquet de Safi a chargé la brigade nationale de la police judiciaire de diligenter une enquête «exhaustive et approfondie pour déterminer les circonstances du décès». «Seul le couplage entre l'enquête judiciaire et l'autopsie nous permettra de voir clair et de dire où sont les responsabilités», affirmait vendredi 3 juin Khalid Naciri, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, invité par France 24. Il ajoute également que le décès de Kamal Ammari est survenu dans des «conditions qui sont encore à déterminer». En attendant plus d'éclairage sur l'affaire, le frère du défunt Abd El-Ilah Ammari, contacté par téléphone, nous assurait que la famille n'a pas encore reçu le rapport complet de l'autopsie. Un sit-in est actuellement tenu par le comité de soutien du Mouvement du 20 Février devant le tribunal de Safi pour que le rapport soit rendu publique.