Les résultats des élections partielles organisées jeudi à Tétouan et à Settat viennent d'être dévoilés par le ministère de l'Intérieur. Si le PJDiste Mohamed Idaâmar arrive à maintenir son poste de député à la Chambre basse pour la circonscription de Tétouan, le parti de la Lampe échoue dans sa quête d'un siège à la circonscription de Settat face au PAM, confirmant ainsi la baisse de popularité du parti au pouvoir. Chiffres. Les Tétouanis et les Settatis se sont rendus aux urnes hier dans le cadre des élections partielles décidées par la Cour constitutionnelle pour élire deux députés à la Chambre des représentants. Huit mois après les élections législatives du 7 octobre 2016, les sages de Saïd Ihrai invalidaient à Tétouan l'élection du PJDiste Mohamed Idaâmar et à Settat celle de l'Istiqlalien Abdellah Abou Faris. Après sa déception à El Jadida, où le PJD a échoué dans sa quête visant à décrocher un siège en mai dernier, le parti au pouvoir comptait sur cette échéance pour mesurer sa popularité. Une popularité impactée par les actualités ayant marqué l'échiquier politique marocain, du limogeage d'Abdelilah Benkirane à la constitution du 31ème gouvernement du Maroc. Une baisse remarquable des votants PJD Aux premières heures de ce vendredi, les autorités locales à Tétouan et à Settat ont annoncé les résultats définitifs des élections partielles du 14 septembre. A Tétouan, sur un total de 12 462 votes valides, le PJDiste Mohamed Idaâmar reprendra son siège invalidé, en décrochant 8 717 voix face à la candidate de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), Fatima Aloumghari. Cette dernière récolte 3 745 voix. En comparaison avec les élections législatives du 7 octobre 2016, où le PJD avait décroché 20 136 voix sur un total de 79 472 bulletins de vote valides, la baisse des voix est criante. Bien qu'il décroche 69,94% des suffrages exprimés de cette circonscription et que le taux de participation passe de 38,52% à 5,9% seulement, le nombre de personnes ayant voté pour le parti de la Lampe semble avoir considérablement fondu. Les chiffres de la FGD, par contre, s'améliore. Ayant décroché la 7e place lors des élections législatives avec 2 478 voix, soit 3,12% des suffrages exprimés, le regroupement du PSU, du CNI et du PADS et sa candidate ont récolté hier 3 745 voix. A Settat, le parti d'Abdelilah Benkirane ne fait pas mieux. Sur 52 256 suffrages exprimés, le PJD et son candidat Mohamed Harari arrivent à séduire 10 620 électeurs, se plaçant à la 3e place derrière le PAM et le Parti de l'Istiqlal. Ce dernier décroche 17 275 voix et ne récupère donc pas son siège à la Chambre basse. C'est le PAMiste Mohamed Ghiyat qui deviendra le deuxième député du Tracteur représentant de cette circonscription grâce à 24 135 voix. Là encore, les chutes restent criantes en comparaison avec les résultats du 7 octobre 2016. D'abord au niveau du taux de participation, qui passe de 38,6% en 2016 à 18,07% seulement lors de ces élections partielles à Settat. Ensuite, ceux du PJD. En effet, en 2016, le PJD est arrivé premier avec 20 542 voix sur 108 092 suffrages exprimés, talonné par le PAM ayant décroché 17 754 voix. Le PJD, «parti du pouvoir» réussira-t-il en octobre prochain ? Qui dit baisse du nombre de voix, dit chute de popularité. Il semblerait donc que le PJD et contrairement à ce qu'affirment ses ténors, serait le grand perdant de ces élections partielles. Et ce n'est pas nouveau. Rappelez-vous, le 5 mai dernier à El Jadida, la Lampe récoltait déjà sa première défaite. Arrivé deuxième avec 24 687 voix lors des élections législatives, le PJD n'a décroché que 7 371 voix face à l'Union constitutionnelle qui rafle la mise aux élections partielles. Son candidat Abdelhaq Mouhaddab est arrivé en effet à séduire 27 785 électeurs. Ce scrutin a fait office de mini-test à un mois de la désignation d'un nouveau gouvernement mené par Saâdeddine El Othmani et l'annonce de la nouvelle coalition. Les urnes avaient dit leur mot quant aux concessions présentées par le PJD pour décrocher un nouveau mandat à la primature. Concessions décriées au sein même de la formation politique d'Abdelilah Benkirane. Sur ce qui se passe actuellement au sein de l'échiquier politique marocain en général et au sein du parti de la Lampe en particulier, l'universitaire Mohammed Ennaji présente une analyse des plus pertinentes, en commentant l'élection du pjdiste à Tétouan. «Les chiffres qui circulent jusqu'à présent montrent une mue et non victoire, un virage au lieu d'un maintien. Le PJD qui a gagné aujourd'hui n'est pas le PJD des militants, c'est celui des notables», écrit-il sur sa page. Il estime aussi que le PJD est désormais «un parti (…) du pouvoir». «Le PJD agit désormais en parti au pouvoir, disons même du pouvoir. Il est entré de plain-pied dans le cercle des partis des notables. Que la campagne l'ai sauvé, si c'est vrai, à Tétouan montre assez sa filiation et ce qu'il partage alors avec le PAM.» Un constat qui pourrait se confirmer lors des élections partielles du 5 octobre prochain. Le PJD vient d'annoncer ses candidats à Béni Mellal, Inzgane Ait Melloul et Taroudant pour de nouvelles élections partielles. Trois postes de députés décrochés respectivement par le Mouvement populaire, le PAM et le RNI lors des élections du 7 octobre dernier.