L'appel à manifester lancé par les Jeunes du Mouvement du 20 février lors de leur dernière sortie médiatique a bien été entendu dimanche. Le décès de Kamal Ammari le 2 juin dernier, comparé au Bouazizi tunisien par certains activistes, a apporté de l'eau au moulin du militantisme dans plusieurs villes du Maroc. Tour d'horizon. Rabat «Cette marche a donné un nouveau souffle au Mouvement». Montassir Sakhi, activiste 20 févriériste de la section rbatie retrouve l'espoir. La participation de 5 000 (selon estimations concordantes) marcheurs pacifiques est certes encourageante. Au départ de la place Bab el Had vers 11h, en passant par le boulevard Hassan II pour aboutir devant la gare de Rabat-Ville, cette marche s'est démarquée des récentes manifestations par un dispositif sécuritaire discret. Avec une présence plurielle qui va des militants de syndicats démocratiques, comme la CDT, l'UMT et la FDT, à la jeunesse partisane de gauche ou encore les droits-de-l'hommistes en passant par les militants Adlistes, la marche s'est déroulée dans de bonnes conditions, les manifestants ont poursuivi sur la voie des revendications réformistes. Des portraits de Kamal Ammari ont été également brandis par les activistes du 20 février qui demandaient que justice soit faite. «Malheureusement un groupe de jeunes d'extrême gauche ont commencé à scander des slogans radicaux avec lesquels nous n'étions pas d'accord. Ce qui a fait fuir certains manifestants» temporise Montassir Sakhi. Marrakech Même léger dérapage à Marrakech qui a vite été recadré par l'organisation. Selon Abd el Khalek Boumeslouhi, membre de la section du mouvement du 20 février de Marrakech, entre 10 000 et 12 000 personnes ont pris part à la marche. «Nous étions 500 au départ. En passant par les quartiers populaires de Diour El Massakine de Daoudiate, puis par le quartier universitaire, on a été surpris par l'affluence des manifestants». Un rassemblement essentiellement populaire donc, avec la présence de jeunes USFPistes, d'étudiants, de membres d'Attaliâa et d'Al Adl wal Ihssane qui plaidaient pour une «monarchie parlementaire». Signalons que le Conseil consultatif national du mouvement du 20 février dans ses recommandations pré-marche a placé cette dernière revendication comme «seuil et plafond des revendications politiques». Les militants ont également réclamé de profondes et concrètes réformes économiques et sociales. Safi A Safi, profondément affectés par le décès brutal de Kamal Ammari, les militants se sont rassemblés en masse devant la demeure de la famille Ammari. Ils ont défilé dans les rues de la ville et rejoints au fur et à mesure par d'autres acteurs associatifs et sympathisants du mouvement. Plusieurs milliers de personnes, 30 000 selon Hakim Sikouk, militant du Mouvement du 20 Février, se sont retrouvés à la place de l'Indépendance. En plus de plaider pour un Maroc démocratique, la démonstration a pris une allure de marche funéraire avec les photos du défunt Kamal Ammari, demandant de la transparence dans l'enquête sur les causes du décès. «On aura le rapport de l'autopsie cet après-midi. Les parents de Ammari ont déjà pris un avocat au cas où les résultats seraient biaisés» nous informe Hakim Sikouk. Casablanca Les Casablancais, solidaires de l'affaire Ammari, érigé en martyr par certains militants, ont eux aussi demandé que lumière soit faite sur les causes véritables de son trépas. 5 000 personnes au commencement sur Place Ennasr (Place de la Victoire) ont marché jusqu'à Place Rachidi ou vers la fin du rassemblement le nombre est monté à 10 000. La présence policière s'est limitée à une dizaine d'agents en uniforme soucieux de la fluidité de marche. Des langues déliées expliquent cela par deux raisons : D'abords la condamnation des violences policières par plusieurs pays étrangers, notamment les Etats Unis, a poussé la police marocaine à mettre de l'eau dans son vin. Ensuite, l'organisation d'une démonstration dans le centre-ville craint moins les dérapages que dans des quartiers populaires comme Sbata (lieu de la manifestation du 29 mai).