Le terrorisme qui a frappé la Catalogne risque de chambouler la politique espagnole se rapportant à la gestion des mosquées. Le président d'une association islamique à Ceuta a invité le gouvernement Rajoy à céder au Maroc le contrôle des lieux de culte musulman et la formation des imams. Après les attentats terroristes de la Catalogne, l'Espagne sollicitera-t-elle l'aide du Maroc pour le contrôle de ses mosquées ? Pour l'instant, Madrid élude de répondre à cette sensible question. Néanmoins, des voix commencent à plaider pour un rôle de Rabat dans la gestion des lieux de culte dans le pays ibérique. Abselam Hamadi, à la fois président de la Communauté islamique Al Bujari, située à Ceuta, et de la Fédération Islamique Al Andalous, en fait partie. A l'occasion d'une journée de solidarité avec les victimes tuées par le terrorisme à Barcelone et Cambrils, le religieux a couvert d'éloges l'islam prôné par le Maroc. «Le seul pays qui garantit un enseignement islamique compatible avec la démocratie», a-t-il indiqué, comme le rapporte le média local Ceuta Tv. Cet appel sera-t-il entendu ? Hamadi a ouvertement invité les ministères espagnols de l'Intérieur et de la Justice à «négocier» avec le Maroc le contrôle des prières et la formations des imams. En revanche, il a dénoncé l'«influence» de l'Arabie saoudite dans la pratique de l'islam en Espagne. L'associatif a précisé, ajoute la même source, qu'il «n'a aucun problème à saluer les positions du roi Mohammed VI contre l'extrémisme» religieux. Les propos d'Abselam Hamadi pourraient surprendre certains acteurs religieux en Espagne, sachant qu'ils émanent du président d'une entité membre de l'Union des communautés islamiques d'Espagne (UCIDE) présidé par Riay Tatary. Ce dernier dirige également la Commission islamique d'Espagne (CIE) considéré proche du pouvoir. L'appel de Hamadi sera-t-il entendu, d'abord par ses «frères» au sein de la CIE et par le gouvernement Rajo ? Ce dernier révise, depuis 2016, les structures de l'islam en Espagne. Le contrôle des mosquées intéresse également la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI) de Mounir Benjellon, la grande rivale de l'UCIDE. La Fédération a proposé, dans une lettre adressée au ministre de la Justice, de former les imams. Vendredi dernier, le ministre marocain des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Taoufiq a estimé que le discours véhiculé dans les mosquées en Espagne et en Europe «doit être compatible avec les valeurs fondamentales du pays d'origine et du pays d'accueil».