C'est la troisième semaine de suite que la police intervient violemment lors des manifestations à l'appel du Mouvement du 20 février. A Casablanca, Rabat comme à Tanger, les forces de l'ordre ont tenté de disperser les protestataires, non sans causer de blessés. Les autorités disent ne plus pouvoir tolérer ces rassemblements non autorisés, qui nuisent à l'image du pays et freinent l'activité économique. Depuis le dimanche 15 mai, les week-ends se suivent et se ressemblent pour les protestataires qui répondent à l'appel du Mouvement du 20 février : la police prend toujours les devants pour empêcher la tenue de leurs marches et sit-in. A Casablanca, les manifestants s'étaient une nouvelle fois donnés rendez-vous au quartier Sbata comme lors du dimanche 22 mai. Et à l'instar de cette dernière manifestation, les forces de l'ordre étaient également présentes dans l'après-midi de ce dimanche 29. Marche du 20 février à Casablanca A deux reprises au moins, elles ont essayé d'empêcher les manifestants de se rassembler, usant de matraques et en tentant de s'infiltrer dans la foule à l'aide de motos et même d'ambulances du ministère de la santé, à en croire le Mouvement du 20 février. Les slogans «marche pacifique», scandés par les manifestants n'y ont rien fait. Les courses poursuites et autres brimades ont fait des dizaines de blessés, dont certains ont été acheminés à l'hôpital. Des cas de blessés à Casablanca Dans la ville du détroit également, les forces de l'ordre étaient aux avant-postes pour s'opposer à tout rassemblement. Manifestants et policiers se sont livrés à une véritable bataille à Tanger. Aux interventions policières, les jeunes ont répondu par des jets de pierre, dans les différents quartiers environnants la place Bir Chaïri, désormais baptisée «place du changement». Les échauffourées se sont poursuivies jusque dans la soirée. Difficile pour le moment d'établir un bilan. Face-à-face entre policiers et manifestant à Tanger A Rabat, c'était plutôt le samedi 28 mai que le Mouvement du 20 février avait prévu de sortir manifester devant le Parlement, pour dénoncer la répression policière de la semaine précédente. Mais c'était sans compter avec l'intervention musclée des éléments de la sécurité. Pendant environ une heure, le centre-ville de la capitale a été le théâtre de courses-poursuites entre manifestants et policiers. Tolérance zéro Pour le ministre de la Communication, Khalid Naciri, il n'est plus question de tolérer ces manifestations non autorisées qui, selon lui, exaspèrent de plus en plus les citoyens. D'ailleurs à Sbata, selon la MAP, une contre-manifestation de «dizaines de jeunes et de commerçants» a été organisée pour dénoncer «les troubles et les pertes affectant leurs affaires, en raison des marches à répétition ayant pris pour théâtre l'arrondissement pour la deuxième semaine consécutive». Des rassemblements similaires auraient également eu lieu à Fès et à Rabat. Par ailleurs, le porte parole du gouvernement avait déclaré, la semaine dernière que le Mouvement du 20 février «est phagocyté par les islamistes et les mouvements de gauche», à savoir «Annahj Démocratique, Justice et Bienfaisance [Al Adl wal Ihsane] et du Jihadi [groupe salafiste]». Pas si sûr selon l'Association marocaine des droits humains qui s'inquiète que les autorités ne respectent plus le droit des citoyens de manifester.