Nouvelle sortie médiatique du ministre français de l'Intérieur, nouvelle attaque contre l'immigration. Claude Guéant veut réduire de 20 000 le nombre de personnes entrant par an en France. Et pour commencer, il s'attaque à ce qu'il qualifie de «légende» : la nécessité de main d'œuvre étrangère en France. Le ministre se montre imperméable aux rapports, expertises et même aux contrats qui lient la France en la matière. «Contrairement à une légende, il est inexact que nous ayons besoin de talents, de compétences [issus de l'immigration]. Il y a de l'ordre de 2 000 personnes qui viennent à ce titre. (…) Il y a en France de la ressource parmi les Français.» Déclaration signée Claude Guéant, le ministre français de l'Intérieur, qui ajoute aussi qu'il va réduire l'immigration légale de 200 000 à 180 000 entrées par an. Invité du «Grand rendez-vous» ce dimanche 22 mai sur Europe 1, l'ex secrétaire général de l'Elysée n'y est pas allé par quatre chemins pour faire savoir que la lutte contre l'immigration est pour lui un cheval de bataille. Quid des accords ? «On n'a pas besoin de maçons, de serveurs de restaurants» a-t-il également laissé entendre. Pourtant, le gouvernement français a signé des accords avec plusieurs pays d'Afrique pour l'entrée en France de milliers d'immigrés par an, pour soutenir la demande en main d'œuvre. C'est le cas notamment avec la Tunisie, le Sénégal ou encore le Cameroun. La semaine dernière, Claude Guéant s'est même déplacé en Tunisie pour s'assurer que l'accord signé en 2008 avec ce pays, serait appliqué. Il prévoit la venue en France de 9000 Tunisiens par an dont 3500 salariés. Et parmi les personnes concernées, figurent… les maçons, les serveurs de restaurant ou encore les cuisiniers ! Peut-être que Guéant a entre-temps modifié lui-même les clauses de l'entente… La France compte certes 2 650 000 demandeurs d'emploi, comme l'a rappelé le ministre de l'Intérieur. S' «il y a en France de la ressource parmi les Français», ces derniers cherchent ailleurs que dans la restauration et la maçonnerie. Le Medef ne dit pas le contraire, ni un récent rapport sur l'immigration, élaboré par des chercheurs à propos de la politique migratoire française. Mais Guéant, qui a au moins eu le courage d'indiquer qu'il ne veut même pas d'une immigration légale, est prêt à tout pour remplir la mission qui lui est fixé. Communautarisme Claude Guéant ferme la porte aux nouveaux immigrants, mais s'attaque aussi aux immigrés de l'intérieur : «Contrairement à ce qu'on dit, l'intégration ne va pas si bien que ça. Le quart des étrangers qui ne sont pas d'origine européenne sont au chômage, les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés». Il en tire la conséquence que l'intégration passe par la lutte contre l'immigration illégale mais aussi légale, et contre le «communautarisme, pour que les Français se sentent chez eux». Un discours que l'on était habitué d'entendre à droite de l'UMP. «Il y a aujourd'hui une tentative extrêmement forte de développer dans l'opinion publique une défiance vis-à-vis de l'étranger pour récupérer l'électorat du Front national», rétorque Dominique Sopo, président de SOS Racisme. Une défiance qui touche en premier lieu les immigrés et leurs enfants vivant en France, dont Claude Guéant affirme pourtant vouloir favoriser l'intégration.