Le gouvernement El Othmani ne semble guère préoccupé par le sort des 19 Sahraouis arrêtés par les milices du Polisario. Il attend de s'assurer de la nationalité des interpellés pour agir. En revanche, du côté du Polisario, l'heure est plutôt au doute. Les Chioukhs des tribus, le principal relais du groupe dans les camps, ne voient pas d'un bon œil l'arrestation de simples porteurs sous les ordres de puissantes personnalités de la direction du Polisario. Après l'euphorie des premiers jours qui ont suivi l'annonce, par la direction du Polisario, de l'interpellation de 19 Sahraouis porteurs de la nationalité marocaine, accusés de «trafic de drogue», l'heure est plutôt aux interrogations et au doute. Conscientes de la gravité du problème, certaines voix non encore audibles plaident pour une autre sortie à la crise, qui ne soit pas celle du recours aux tribunaux, alors que l'opinion publique se prépare déjà au procès des 19 Sahraouis, prévu le 19 août à Tifariti. Une zone tampon placée en principe sous la tutelle des Nations unies. Son statut juridique est d'ailleurs identique à celui de Guerguerate, et la Minurso y compte aussi un team-site. Eviter la colère des Chioukhs Le Polisario ne craint pas seulement une mauvaise réaction de l'ONU. Le mouvement séparatiste redoute en effet celle des Chioukhs des tribus. Une élite traditionnelle sur laquelle parie en partie Brahim Ghali pour asseoir sa fragile autorité, de plus en plus menacée par les frappes du courant de Lamine Ould El Bouhali. Or, l'arrestation de simples porteurs issus de tribus des Aït Oussa et des Oulad Lahcen, entre autres, est de nature à entraver la confiance entre le chef et les représentants de ces puissances tribales. «Un procès risque d'envenimer les relations avec les Chioukhs et leurs relais au sein de la direction du Polisario», nous confie une source proche du dossier. «Pour sortir indemne de cette affaire, le Polisario devrait se tourner vers les Chioukhs en les incitant à solliciter une grâce au profit des interpellés. Une carte à laquelle le Polisario pourrait recourir une fois qu'il aura gagné quelques points sur la scène médiatique internationale», ajoute-t-elle. L'arrestation de 19 Sahraouis intervient seulement dix jours après les violents affrontements survenus dans le «camp d'Aousred», entre deux gangs de trafic de drogue proches de Brahim Ghali et Lamine Ouled El Bouahli. Cette affaire ne serait-elle que le nouvel épisode d'une confrontation entre les deux hommes ?