Après la lettre adressée mercredi par des Marocains de confession chrétienne aux autorités, les chiites marocains de l'association «Ressalis progressistes» appellent eux aussi à la préservation de la liberté de culte. Détails. La cour d'appel de Fès a condamné mardi à un an de prison ferme Abdou Chougrani, président de l'association chiite «Ressalis progressistes», interdite par les autorités. Ce Marocain chiite avait été condamné en novembre 2016 à un an de prison ferme. Il est accusé de «détournement de fonds publics» - environ 140 000 dirhams d'une agence bancaire à Taounate - et de «faux et usage de faux». Ce deuxième jugement intervient après celui prononcé par le tribunal de première instance de Meknès à son encontre l'année dernière, rappelle l'activiste chiite Issam Hassani, également porte-parole de l'ONG non reconnue par les autorités, joint par Yabiladi. «Il s'agit d'un nouveau jugement concernant les mêmes faits avec les mêmes victimes supposées, ce qui constitue, selon les lois nationales et internationales, une atteinte au droit à un procès équitable et juste, et confirme que ces poursuites et cette affaire sont un coup monté par une institution sous la tutelle de l'Etat», déclare-t-il. L'occasion pour lui de rappeler l'initiative lancée par son association, qui vise à préserver la liberté de croyance et de culte. «Nous avons proposé une initiative positive pour préserver la liberté de croyance et de culte dans l'espace individuel : la suppression de la discrimination religieuse dans la sphère communautaire pour masquer le pluralisme religieux et sectaire dans le cadre public et communautaire. Cette initiative, si elle avait été prise en charge par les sages de l'Etat, aurait permis de protéger les libertés, l'unité et la cohésion de la société.» Issam Hassani regrette «qu'il y ait deux courants au sein de l'Etat ; l'un préférant la répression, la discrimination et les atteintes aux libertés». Les Marocains chrétiens évoquent aussi la liberté de culte Pour le porte-parole de «Ressalis progressistes», la condamnation d'Abdou Chougrani marque une nouvelle ère. «Je m'adresse à tous ceux qui sont convaincus par nos principes et aux sympathisants pour qu'on passe d'un appel à la liberté de culte à la défense de la liberté de croyance des chiites Marocains», conclut-il. Cet appel intervient au lendemain d'une autre sortie médiatique, émanant cette fois-ci des Marocains de confession chrétienne. Dans une lettre ouverte adressée hier aux autorités compétentes, ils ont publiquement dénoncé ce qu'ils considèrent comme une «discrimination religieuse» contre des membres de leur communauté. D'après la Coordination des Marocains chrétiens (CMC), ces derniers «n'accusent pas le ministère de l'Intérieur de [les] viser», mais considèrent toutefois que ces restrictions «découlent des interprétations personnelles de certains éléments des autorités locales». Elle déplore également l'ensemble de ces pratiques qui affectent ce groupe religieux. «La Constitution du Royaume prévoit et protège la liberté de culte et de croyance, garanties par le Souverain, Commandeur des croyants pour tous les Marocains», lit-on à la fin de la lettre adressée notamment au chef du gouvernement, au ministre de l'Intérieur et au président du Conseil national des droits de l'homme. «Nous vous demandons, par cet avis, d'intervenir pour faire cesser cet abus de pouvoir qui nous porte préjudice ainsi qu'à toute la nation», conclut la lettre.