La Cour des comptes a livré, le 10 juillet, un référé de son premier président, faisant part des anomalies que connaît la filière des viandes rouges au Maroc. Le document fait état de carences récurrentes en matière des conditions hygiéniques et sanitaires, et même des défaillances quant à la gestion des abattoirs. Détails. Malgré les efforts consentis par l'Etat pour la mise à niveau du secteur, incarnés par les contrats-programmes (2009-2014) et (2014-2020) conclus avec les professionnels de la filière, la qualité de la viande rouge n'est toujours pas au rendez-vous. C'est d'ailleurs l'objet d'un référé du premier président de la Cour des comptes, datant du 10 juillet et publié récemment sur le site de la Cour. L'application de certains textes est bridée par l'inadaptation des structures d'abattage aux normes techniques, environnementales et sanitaires, aux limites liées à l'action des différents opérateurs et à des défaillances en matière de gestion, indique le document. Selon ce dernier, une partie conséquente des structures dédiées à l'abattage ne réunissent même pas les conditions élémentaires exigées pour l'exercice de cette activité. Une situation hygiénique et sanitaire nocive En outre, le référé pointe du doigt des sites d'implantation inadéquats, des locaux inappropriés, des équipements insuffisants et des procédés non conformes. En clair, le fait que les structures d'abattage soient excentrées par rapport aux zones d'habitation, est une exigence non-respectée au regard du développement des agglomérations urbaines. Conséquence : une bonne partie des structures concernées est localisée à proximité ou au milieu de ces agglomérations. Sur le volet du contrôle sanitaire, les abattoirs du royaume connaissent des insuffisances capitales. 45% des viandes rouges produites ne proviennent pas des abattoirs et ne font l'objet d'aucun contrôle. Des carences ont été constatées par rapport à la mise en œuvre de l'autocontrôle au niveau des unités de production des viandes. Des unités qui ont été passées au crible par les magistrats de Driss Jattou pour arriver à la conclusion selon laquelle certains ne disposent même pas des dossiers médicaux du personnel manipulant les viandes. Une gestion déficitaire des abattoirs Le référé insiste sur le caractère alarmant de la situation de la gestion des abattoirs du royaume et ce, en soulignant notamment, les difficultés dans la gestion des offres de prix d'affermage relatif à l'exploitation de l'abattoir. Des difficultés dues à l'absence d'une maîtrise des paramètres permettant de définir les niveaux raisonnables des soumissions par rapport à l'importance de l'activité, poursuit-on de même source. Sur le plan organisationnel des abattoirs, ces derniers sont déficitaires en matière du règlement interne propre et d'un système de contrôle interne. Une défaillance organisationnelle qui impacte ainsi, de manière négative, le processus d'abattage ainsi que la perception des droits d'abattage. Le document cite à titre d'exemple le cas de Casablanca. Pour l'abattoir de la plus grande ville du royaume, des insuffisances relatives à la conclusion des contrats avec des professionnels, au respect des engagements contractuels et au suivi de l'exécution desdits contrats ont été constatées. Le référé de Driss Jattou évoque aussi des insuffisances en matière d'entretien et de maintenance des installations.