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L'inquiétante dérive populiste des médias audiovisuels privés au Maroc
Publié dans Yabiladi le 29 - 06 - 2017

Le paysage audiovisuel marocain est actuellement en proie à plusieurs messages issus d'une vague de haine décomplexée, de conservatisme étriqué, de nationalisme violent et de conseils santé dangereux. Face à un processus de saisine compliqué, la HACA, pourtant gendarme de l'audiovisuel, se réduit en simple observateur. Décryptage.
Au Maroc, si les médias publics sont amadoués depuis la fameuse crise des cahiers des charges dont l'auteur n'est autre que l'ex-ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, les médias privés, eux, commencent petit à petit à échapper à tout contrôle. Preuve en est, les messages subliminaux (ou non) divulgués de manière presque quotidienne sur les ondes et désormais en live streaming. Du populisme, du charlatanisme ou encore les prémices d'un nationalisme violent sont adressés à l'intention d'un public souvent mal outillé, réceptif jusqu'au point d'assimiler des idées sans le moindre recul critique.
Religion, santé et identité, le cocktail Molotov du Docteur Faid
De la libre antenne aux invités spéciaux, ces «experts» ont-ils la moindre conscience que chaque phrase prononcée peut s'avérer une arme utilisée par un jeune ou une potion tentée par une femme illettrée ? Les discours de ces «experts» sont-ils contrôlés, minutieusement passés au peigne fin par l'autorité de régulation, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) en l'occurrence ?
C'est en tout cas la question que se sont posée plusieurs internautes marocains, à l'instar de Najib El Mokhtari. Ce dernier s'est penché sur un intervenant particulier : le docteur Mohamed Faid, ex-chercheur au département des sciences de l'alimentation et de la nutrition de l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV). Présentant à la fois la thèse présentée par le nutritionniste et l'antithèse issue de recherches effectuées sur des banques de données, il est revenu, dans un long post sur Facebook, sur plusieurs informations et conseils, prononcés par Mohamed Faid, lors de son passage dans une radio privée marocaine, ou encore lors de conférences.
Mélangeant populisme et conservatisme, le docteur s'attaque tantôt aux vaccins qui provoqueraient selon lui l'autisme, tantôt aux dentifrices, importés d'Occident, et qui provoqueraient des caries jusqu'à la perte des dents. Il n'hésite pas d'ailleurs à mélanger religion, santé et identité, pour parler de la fabrication du cancer, ou encore d'évoquer des théories «complotistes» où il accuse la France de faire en sorte que le Maroc reste reculé en matière de nutrition. Le tout avec un discours qui, oubliant sa posture médiatique et le nombre important de personnes qui suivent son actualité, s'introduit jusqu'aux maisons des Marocains. Ces derniers font rarement le distinguo entre docteur (au sens académique) et docteur en médecine alors que l'intéressé enlève souvent sa casquette de nutritionniste pour emprunter à tort celle de cancérologue. Des Marocains sont désormais convaincus qu'il suffit de boire règulièrement du thé vert avec du miel pour ne jamais croiser la route du cancer et même ne plus avoir besoin de consulter un médecin de toute sa vie.
Conservatisme et nationalisme violent également au menu
Récemment, les internautes marocains ont redécouvert Bouchra Ddeau dans les plateaux de Télé Maroc dès les premiers jours du Ramadan. Depuis, les épisodes de son émission «Daribat Achouhra» sont critiqués sur les réseaux sociaux. Contrairement au nutritionniste, la journaliste fait appel à un autre registre, celui des mœurs, enrobé dans un conservatisme inquiétant. Dans ses interrogatoires, elle s'en prend à la vie privée de ses invités, sans tenir compte des conséquences que ses affirmations peuvent engendrer. Elle va même jusqu'à ironiser sur l'homosexualité d'un invité, ou accuser une militante associative remarquable d'encourager la débauche. Stratégie de provocation et buzz, elle en oublie l'impact que peuvent avoir ses propos dans la libération des comportements haineux au sein de la société.
Plus grave encore, dans une autre émission diffusée sur les ondes d'une radio privée, Mamoun Dribi, pris par une montée d'adrénaline, était même parvenu lors d'un Direct, à menacer de mort les figures de proue du Hirak. «Je pourrais réunir mes cousins et partir là-bas (au Rif, ndlr) pour te mutiler», avait-il lancé à Nasser Zefzafi. Une incitation à la violence présentée sous forme d'un message nationaliste étriqué qui prône l'utilisation du couteau pour défendre les sacralités de l'Etat. Oubliant que certains pourront considérer sa sortie médiatique comme un exemple à suivre, il s'était éloigné de son domaine d'expertise, à savoir la psychanalyse, pour s'ériger en leader politique prêchant la mutilation et les crimes en bande organisée.
Et malheureusement les exemples de ceux qui caressent d'une main les Marocains dans le sens du poil tout en fourrant avec l'autre des idées obscurantistes dans leur inconscient ne manquent pas. Un constat alarmant qui remet en cause le travail effectué par la HACA, le gendarme de l'audiovisuel.
La HACA et le parcours du combattant
Contactée par notre rédaction, une source au sein de l'Instance dirigée actuellement par Amina Lamrini El Ouahabi donne quelques précisions. «Les décisions prise par le CSCA (Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, ndlr) font l'objet de tout un processus», nous confie-t-elle. Notre source nous explique ensuite que pour enclencher le processus, «il faut une saisine par un tiers organisme ou une auto-saisine». «A ma connaissance, il n'y a pas eu de saisine quant aux deux émissions radio jusqu'à maintenant. Pour le cas de Télé Maroc, il s'agit d'une société de droit espagnol qui échappe donc à la loi marocaine», poursuit notre interlocuteur.
Et même en cas de saisine et de recevabilité de la plainte, la HACA adresse généralement «un avertissement, puis un rappel à l'ordre avant de passer à l'étape sanction», vis-à-vis du média audiovisuel en question. A l'heure de l'instantanéité de l'information, de la multiplication des médias audiovisuels privés, et des défis de la territorialité sur lequel la HACA peut opérer, le paysage médiatique marocain ressemble de plus en plus à une jungle où tous les moyens sont bons pour s'accaparer l'audience.


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