Le commerce local à Melilla est secoué par la décision des autorités de suspendre le passage des «porteuses» à partir de 11 heures. Une formation d'opposition dénonce une telle mesure et avance que le Maroc pourrait en être le grand bénéficiaire, surtout si le projet de la zone franche de Nador voit le jour. Après la colère des commerçants de Ceuta, c'est au tour d'un parti à Melilla de mettre en garde contre les répercussions, sur l'économie locale, des restrictions décrétées sur le passage des «porteuses». «Coalition pour Melilla» (CpM), dirigée par Mustapha Abderchan, dénonce la décision de la Délégation du gouvernement à Melilla, en vigueur depuis lundi, de suspendre quotidiennement à partir de 11 heures le transit des «porteurs» marocains, et surtout des «porteuses», par le passage Bni Nsar. Le chef de file de l'opposition au parlement a estimé, à l'occasion d'une conférence de presse, qu'une telle mesure serait préjudiciable aux commerçants, soulignant que le passage est «le seul point de commerce productif» dans la ville, indique l'agence EFE. Il propose aux autorités de consacrer un passage exclusivement dédié à l'activité de contrebande avec une large plage horaire. Le Maroc pourrait en être le bénéficiaire, selon Abderchan Le député a également critiqué le soutien apporté par le président du conseil de la ville, Juan José Imbroda, à la mesure prise par la Délégation du gouvernement (relevant du ministère de l'Intérieur). Abderchan affirme que cette suspension bénéficiera à moyen terme au Maroc. Et alerte sur les conséquences de la création par le royaume d'une zone franche à Nador qui «pourrait absorber cette activité et priverait Melilla de 50 millions euros». Soit le montant annuel des recettes tirées par les navettes des «porteuses», selon Abderchan. Les craintes formulées par le chef de CpM sont partagées par l'Association des commerçants de Melilla (ASCMEL), présidée par Abdeslam Mohamed. Les propriétaires de magasins sont en effet les premiers affectés par cette décision. En revanche, du côté de l'Union fédérale de la police, l'heure est plutôt à l'euphorie. Le syndicat «applaudit» la mesure prise par la Délégation du gouvernement, rappelant qu'il s'agit là d'une réponse favorable à l'une de leur vieille revendication. L'UFP estime que la mesure met un terme à «une frontière bananière».