Lancé sur les réseaux sociaux depuis plusieurs heures, l'appel au boycott du prêche et de la prière du vendredi n'a été que partiellement suivi par les habitants d'Al Hoceima et sa région. Parallèlement, les prédicateurs ont évité toute mention du Hirak dans leur prêche, préférant plutôt parler du mois sacré. Ce vendredi, les habitants d'Al Hoceima et sa région devaient boycotter la prière dans les mosquées de la province, en réponse à un appel lancé sur les réseaux sociaux pour fuir «les mosquées opérant pour des agendas du Makhzen». Une nouvelle forme de protestation qui a déjà concerné un lieu de culte à Al Hoceima vendredi dernier suite au prêche prononcé par un imam dénonçant le Hirak rifain et la fitna. Sur la page Facebook du média local Bni Bouayach City, un live a immortalisé le boycott de la mosquée à Imzouren. La vidéo montre une centaine de citoyens qui prient devant le siège de la municipalité de la ville et sur la voie publique. Sans prêche, ils se regroupent en ligne et débutent la prière sous le regard des autorités locales et plusieurs estafettes de policiers. Après la prière, les fidèles ont scandé plusieurs slogans du Hirak que connaît Al Hoceima et sa région depuis plus de sept mois, après le décès de Mohcine Fikri en octobre 2016. Le sit-in aurait duré plusieurs minutes avant l'interruption de la diffusion en direct. Contacté par Yabiladi ce vendredi, l'activiste El Mortada Iamrachen nous confirme que plusieurs mosquées d'Al Hoceima ont été boycottées. «Certaines personnes ont boycotté le prêche alors que d'autres se sont rendues dans les mosquées. Il n'y a pas eu autant de fidèles que d'habitude dans celle où je me suis rendu.» Un prêche sur le Ramadan plutôt que sur le Hirak Pour lui, l'appel n'a été suivi que partiellement à Al Hoceima et Imzouren : «Certains fidèles ont préféré prier sur la place publique, tandis que d'autres se sont rendus dans la mosquée de la ville.» Contrairement au prêche qui a évoqué vendredi dernier le Hirak du Rif, le ministère des Habous et des affaires islamiques n'a pas souhaité aborder le sujet ce vendredi. «Le prêche de ce vendredi a été consacré au Ramadan», nous indique El Mortada Iamrachen. Une manière d'éviter de provoquer la colère des Rifains pour que le scénario de la semaine dernière ne se répète pas. Vendredi dernier dans la mosquée Diour Al Malik, la figure de proue de la contestation, Nasser Zefzafi avait interrompu le prêche et traité un imam de «charlatan». Le prêche qui évoquait le Hirak a valu à l'imam l'accusation de cautionner religieusement «le viol des femmes et des enfants» du Rif. L'intervention de Zefzafi avait même été filmée et publiée sur les réseaux sociaux. Le département des Habous et des affaires islamique avait immédiatement réagi, pointant du doigt un «désordre énorme» et le «chaos». Pour Ahmed Taoufiq, l'intervention de Zefzafi a «porté atteinte à la prière et à la communauté». C'est par ailleurs l'une des raisons évoquées par les autorités locales pour justifier le mandat d'arrêt émis à l'égard du Rifain et d'un groupe l'accompagnant pour «entrave à la liberté du culte».