Le Maroc reste l'un des plus gros producteurs de cannabis au monde. Mais depuis 2003, le royaume fait des efforts considérables pour réduire sa production. Les chiffres annoncés hier par le ministre de l'Intérieur Taïeb Cherqaoui en témoignent. De 134 000 ha en 2003, les terres cultivées en cannabis seraient passées à 47 000 ha en 2010. Seulement, le Maroc refuse de collaborer avec les partenaires internationaux pour faire la lumière sur l'état de la culture de cannabis sur son territoire. En sept ans, le Maroc a réduit de 65% sa surface cultivée en cannabis. En effet, entre 2003 et 2010, la superficie des champs faisant pousser la matière première du haschich est passée de 134 000 à 47 000 hectares, à en croire le ministre de l'Intérieur Taïeb Cherqaoui, qui répondait, ce mardi (26 avril) aux questions des députés de la Chambre des conseillers et cité par la radio Medi1. Le ministre a également ajouté que son département élabore un programme de développement de plus de 900 millions de dirhams pour encourager les cultures de substitution au cannabis dans 70 communes rurales. L'accent y est mis sur la promotion de produits locaux et des cultures alternatives. Face à des agricultures qui peuvent gagner jusqu'à 18 fois plus en cultivant le cannabis, pas si évident que le gouvernement parviendra à convaincre facilement. Mais l'initiative montre que l'un des défis majeurs de la lutte contre les stupéfiants a été reconnu. 12 000 ha en 2012 L'objectif du gouvernement était de réduire à 12 000 ha la surface de cultures du cannabis d'ici l'année prochaine, soit de 91% depuis 2003. En 2008, elle était encore estimée à 60 000 ha, et autour de 50 000 ha l'année suivante. On semble donc être sur la bonne voie avec le rétrécissement à 47 000 ha l'année dernière, des terres cultivées en cannabis. Mais 2012 se pointe déjà à l'horizon et encore des efforts sont à consentir. Dans son dernier rapport sur l'état du trafic de stupéfiants dans le monde, l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) «félicite le Gouvernement marocain pour ses efforts et l'invite à les poursuivre en vue de parvenir à l'éradication totale de la culture de cannabis sur son territoire». Seulement, l'OICS «note avec regret que l'enquête sur la culture et la production de cannabis qui devait être réalisée par le Gouvernement marocain en coopération avec l'UNODC en 2010 n'a pas été entreprise». Et c'est là que le bât blesse. Paradoxe ? En effet, depuis 2005, le Maroc ne se montre plus très disposé à coopérer avec l'ONUDC (Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime) pour réaliser des enquêtes permettant de faire l'état des lieux sur la culture de cannabis dans le pays. Les chiffres annoncés depuis ne proviennent que des données des services de l'administration nationale. Même en 2010, le royaume s'est rétracté alors qu'il s'était déjà engagé avec l'organisme des Nations-Unies pour mener une nouvelle enquête. C'est dire donc que le Maroc mène sa lutte contre la culture de cannabis, mais refuse de se faire diagnostiquer par les organes de contrôle internationaux. Sur les motivations d'une telle stratégie, chacun peut y aller de son analyse. Il reste évident en tout cas, que les autorités ne devraient pas craindre de faire constater au monde entier les fruits de leurs efforts dans cette lutte contre la culture de cannabis.