Alors que le Maroc a déclaré ce samedi avoir «pris note avec satisfaction», de l'adoption de la résolution 2351 sur le conflit du Sahara occidental, les amis de Brahim Ghali n'ont toujours pas fait de sortie médiatique ou de commentaires sur le nouveau texte onusien. La direction de Rabouni préfère donc garder le silence au lendemain du retrait forcé de ses éléments de la zone tampon dans la zone de Guerguerate. Qu'en pensent Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, l'ancien cadre du Front Polisario expulsé en 2010 et le courant Khat Achahid ? La nouvelle résolution adoptée vendredi soir par le Conseil de sécurité «a failli nommer les choses par leurs noms concernant le fond du problème qui est du premier ordre un différent politique». C'est ce qu'a indiqué samedi Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, l'ancien leader du Front Polisario expulsé en 2010 et qui vit actuellement en Mauritanie. Contacté par Yabiladi, l'ancien leader du mouvement séparatiste a estimé que «l'organisation onusienne commence à diagnostiquer le conflit comme un différend maroco-algérien». Un retrait «surprenant et rapide» qui démontre la stupidité du Polisario Quant aux recommandations de la résolution, notre interlocuteur insiste sur le fait que dans le volet politique, le texte n'est pas nouveau puisque la nouvelle résolution a répété la même revendication pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable mais d'une façon plus claire. «Elle détermine que la négociation se fera dans le fond et la forme de l'autodétermination, qui exclue toute solution visant l'indépendance, l'option revendiquée par le Polisario et l'Algérie», explique-t-il. Quant au «surprenant et rapide» retrait annoncé par le Polisario de Guerguerate, Mustapha Salma rappelle que la décision a été attendue. «Tous les observateurs savaient que le retrait se ferait tôt ou tard mais la façon dont il a été opéré démontre la stupidité de la direction du Polisario et des soldats algériens qui pensent pour eux. Le Front n'a pas pu préserver l'acquis provisoire avec l'arrivée de ses soldats aux bords de l'océan atlantique après un quart de siècle, et n'a pas non plus profiter de son retrait qui s'est fait plutôt comme une fuite pour éviter la condamnation internationale.» Il enchaîne en déclarant qu'«au moment où le Maroc a gagné en se retirant de la zone tampon avant d'arriver à l'échéance d'avril, le Polisario s'est mis dans une situation délicate». Pour lui, le Maroc a gagné avec «l'implication du Polisario à Guerguerate puisqu'il (le royaume, ndlr) a géré les derniers mois de l'ère Ban Ki-moon qui a montré son hostilité envers le royaume puis a décroché la confiance du nouveau secrétaire général en répondant à sa demande de retrait de la zone tampon». A Tindouf, le Front préfère parler de «redéploiement des forces» au lieu de retrait En revanche, «le Polisario a perdu ses acquis de l'ère de Ki-mqoon et a perdu le reste de son moral en s'enfuyant d'une zone qu'ils appelaient jusqu'à récemment les terres libérées», conclut-il. De son côté, le mouvement Khat Achahid (La ligne du martyr) a profité du silence de la direction de Rabouni pour tirer à boulets rouges sur le Polisario. Dans un communiqué de presse, le mouvement qui opère depuis les camps de Tindouf a estimé que le retrait du Polisario de la zone tampon est l'un des points importants de la résolution onusienne. «La direction était confuse puisque cette position (le retrait, ndlr) reste contraire à la posture adoptée il y a quelques mois puisqu'elle avançait que Guerguerate est une zone libérée et que c'est une ligne rouge», poursuit le communiqué. Khat Achahid rapporte aussi que pour justifier le retrait, la direction du Polisario a sorti un nouveau mensonge aux Sahraouis, évoquant un «redéploiement des forces» dans une zone ne dépassant pas cinq kilomètres, «ce qui est une aberration dans les concepts militaires». «Il s'agit d'un retrait sans bruit pour éviter la colère des Sahraouis. C'est la raison derrière laquelle on invente le redéploiement des forces pour que cela soit accepté par l'opinion publique. La direction est habituée à ces mensonges puisqu'elle ment aux Sahraouis depuis plus de 26 ans.» Quant à la demande du Conseil de sécurité aux parties prenantes d'aborder une nouvelle phase de pourparlers, Khat Achahid a estimé que les Sahraouis connaitront une «série de négociations futiles». Pour le courant dirigé par Mahjoub Salek, «face à la déception des Nations unies, il faut aborder avec réalisme et reconnaître les limites de la direction qui profite plus que jamais de la situation actuelle».