A quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le Sahara, la fuite d'un projet de rapport de Ban ki Moon, secrétaire général de l'ONU, déclenche une polémique. Publié par le journaliste américain, Matthew Russel Lee, sur son site, le document de travail propose d'étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme. Une proposition qui ne serait pas du goût de Rabat. Il devait être remis le mercredi 6 avril mais le journaliste américain Matthew Russel Lee l'a publié deux jours avant. Lundi 4 avril, il a mis en ligne un aperçu global de ce qu'aurait dû être le rapport sur le Sahara du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon. La fuite aurait été facilitée, selon la MAP - elle cite «des diplomates» -, par des «complicités» d'un «membre non permanent» du Conseil de sécurité. Le Maroc, visiblement mécontent de ces indiscrétions, aurait pressé «les hauts responsables de l'ONU» d'avoir une «réaction forte et non équivoque». Document sans statut Face aux journalistes, jeudi, le porte parole des Nations Unies a dit regretter que ce « document de travail interne du secrétaire général fasse l'objet d'une fuite et soit publié». Il a précisé que le document n'était pas un «rapport final, n'a pas été endossé par le secrétaire général et n'a, de ce fait, aucun statut». Le secrétaire général de l'ONU, dont le rapport final sera examiné le 15 avril par le Conseil de sécurité, faisait état, dans son document de travail (paragraphe 119), de «la nécessité [d'instaurer] un mécanisme indépendant, neutre et continu, pour surveiller la situation des droits de l'Homme, qui soit sous mandat [de la Minurso], et qui couvre toute la région, ainsi que les camps des réfugiés». Avant de saluer «l'engagement du Maroc d'autoriser aux rapporteurs du Conseil des droits de l'Homme d'accéder, sans entraves, aux provinces du Sahara». Pressions du Maroc ? Cette dernière citation aurait pu donner le sourire à Rabat si le Haut commissariat aux Droits de l'homme des Nations Unies (HCDH) n'avait demandé d'amender cette partie du texte pour se focaliser uniquement sur la nécessité d'instaurer ce «mécanisme de surveillance des droits de l'homme». Ce qui expliquerait en partie «les démarches» du Maroc auprès des responsables onusiens pour réagir contre la publication du projet de rapport sur le site du journal américain. Il est même fait état de pressions que le Maroc aurait exercé pour maintenir les quelques lignes flatteuses du texte de Ban Ki Moon sur son engagement à faciliter le travail des rapporteurs onusiens. Quoiqu'il en soit, l'examen annuel du rapport du secrétaire général, prévu le 15 avril sera l'occasion de savoir si, enfin, la Minurso verra ses prérogatives étendues à la surveillance de la situation des droits humains ou pas. La question ne faisait pas encore l'unanimité au sein du Conseil de sécurité. Alors que le Royaume Uni ni voit aucun mal, la France, elle, alliée de taille du Maroc sur le Sahara, continue de brandir son veto face à cette éventualité.