Un rapport de plus pour le secrétaire général des Nations Unies sur le dossier du Sahara. Comme chaque année, Ban Ki Moon s'apprête à soumettre au Conseil de sécurité, son rapport annuel sur la situation en se basant sur les notes de son envoyé spécial, Christopher Ross, et de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un referendum au Sahara Occidental). Et comme annoncé (www.lesechos.ma), la mission de stabilisation onusienne sera prolongée et renforcée avec l'arrivée de 203 recrues et de 15 observateurs militaires. C'est en tout cas, ce que vient de recommander le secrétaire général de l'ONU dans le document final qui reprend pour l'essentiel les déclarations, dont la presse s'est fait l'écho, bien avant la publication officielle du document. Le présent rapport intervient d'ailleurs dans un contexte assez particulier, au lendemain des évènements sociopolitiques qui ont secoué la région, mais également avec la poursuite de la dégradation de la situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne. Ban Ki Moon a souligné, à ce sujet, «sa grave préoccupation de la situation sécuritaire dans la région», revenant sur la recrudescence des activités d'Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), avec l'enlèvement d'occidentaux à l'intérieur même des camps de Tindouf. Le rapport a, par la même occasion, relevé des lacunes dans la coordination en matière de sécurité régionale - la prolifération d'armes en provenance de Libye et le manque de ressources pour la surveillance des frontières. La publication du rapport du secrétaire général de l'ONU intervient, également, à la veille d'un énième retour des négociations entre le Maroc et le Polisario, prévu pour le 17 avril prochain. Une rencontre, qui fait suite à plusieurs autres tenues entre les deux parties, durant la période qu'a couvert le rapport et qui s'étale d'avril 2011, à mars 2012 - elles se sont toutes soldées par un statu quo. Il s'agit notamment de 3 rounds de pourparlers informels, d'une réunion sur les ressources naturelles, ainsi que d'une autre sur les mesures de confiance, en plus de la tenue par son envoyé personnel de plusieurs consultations bilatérales avec les parties. «Les deux parties continuent à camper sur leur position», a constaté Ban Ki Moon, lançant par la même occasion un appel pour la poursuite des négociations, conformément aux multiples résolutions du Conseil de sécurité. Pour l'ONU, l'objectif reste la recherche inlassable «d'une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable». Prolongation de la mission de stabilisation «À la lumière des efforts constants de mon envoyé personnel, je recommande que le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINURSO, pour une période supplémentaire de 12 mois, jusqu'au 30 avril 2013», a recommandé Ban Ki Moon. Une issue attendue au regard du constat dressé sur le terrain. Le rapport a ainsi indexé les deux parties sur plusieurs cas de violation de l'accord militaire par les deux parties. Même si leur nombre a fortement diminué, passant de 126 cas enregistrés lors de la période d'observation précédente, à 25 pour cette édition du rapport pour les Force armées royales (FAR) et de 12 à 7 pour l'autre camp. La MINURSO qui s'est félicitée des bons rapports qu'elle entretient avec l'armée marocaine, a toutefois soulevé quelques réserves sur l'installation de nouveaux mécanismes d'observation (antennes et radars), en dépit des explications des autorités marocaines. Le rapport a, d'ailleurs, mis en évidence le renouvellement d'équipements militaires et a appelé les deux parties a faciliter la tâche de la mission. C'est justement la raison pour laquelle Ban Ki Moon a estimé nécessaire de renforcer l'effectif de la MINURSO, en vue de rétablir sa pleine autorité. Le secrétaire générale de l'ONU a reconnu qu'actuellement, «la MINURSO n'est ni dans la capacité d'exercer pleinement ses fonctions de surveillance de maintien de la paix et d'observation, ni ne dispose de toute l'autorité pour contrecarrer l'effritement». Il faut noter que sur ce dernier aspect, les débats ont été houleux et la diplomatie marocaine a eu à lutter fortement pour faire intégrer des amendements relatifs à certains points, qualifiés de très critiques à l'égard de Rabat. Pour le reste, Ban Ki Moon a tenu à saluer les avancées enregistrées au Maroc sur le plan des droits humains, principalement dans les provinces du sud, avec l'installation des Commissions régionales des droits de l'Homme et la réforme constitutionnelle de 2011. Il a appelé à la poursuite des efforts humanitaires, notamment les échanges des visites pour les familles et réitéré le vœu des Nations Unies de voir enfin le processus de recensement des populations du camp de Tindouf lancé.