Chose promise, chose due. L'Etat compte sur les privatisations pour alléger en partie son déficit budgétaire. Et c'est la Société de Sel de Mohammedia qui est la première à être cédée. Mais pas tous les économistes ne sont convaincus de cette stratégie. La Société de Sel de Mohammedia (SSM), jusque-là entreprise publique, va être transférée au secteur privé. Elle figurait sur la liste des entreprises étatiques à privatiser, la décision est prise. Ses 453 000 actions devraient coûter au moins quelques 450 millions de dirhams aux potentiels acquéreurs qui ont jusqu'au 13 juin pour se manifester. Ils doivent opérer dans les secteurs des gisements de sel, des marais salants, l'exploitation minière ou le secteur de la chimie et parachimie. Pourtant la SSM, créée en 1974 a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 120 millions de dirhams, avec une production de 600 000 tonnes de sel, essentiellement destiné à l'export. «Elle est la société la plus vendable en ce moment» ironise l'économiste Mohammed Chiguer. En effet, la SSM ne manque pas d'atouts, d'autant plus que les mines de sel sont convertibles en infrastructures de stockage des produits pétroliers, comme le relaie le quotidien L'Economiste dans sa livraison de ce mardi (29 mars). Solution de la facilité ? La SSM ouvre donc le bal, avant que les autres retenues sur cette fameuse liste ne suivent. D'où l'intérêt de poser à nouveau le débat sur les privatisations. Une solution de la «facilité» pour certains qui est trop loin de faire l'affaire. Pour Mohammed Chiguer, «la situation sociale oblige l'Etat à vendre les bijoux de la famille, même s'il est évident que la privatisation ne soit qu'un palliatif». Pour l'ancien directeur des études à la CDG, il faut plutôt miser sur «un financement par la croissance» et réduire davantage le train de vie de l'Etat. D'autant plus qu' «on cède des sociétés tout en créant beaucoup d'agences publiques à côté». «Vision comptable» Mais le problème de fond se situe au niveau des objectifs des privatisations, beaucoup motivées par «une vision comptable», n'allant pas dans le sens de la performance et du rendement. «On maintient ainsi l'équilibre du sous développement» renchérit le Professeur Chiguer, qui pense qu'il faut plutôt «viser la cohésion sociale». C'est-à-dire, des privatisations qui rentrent dans le cadre d'une politique de développement concrète et non pas pour alléger un déficit budgétaire qui n'est pas toujours «un mal» nous confie l'universitaire. Pas moins de 101 milliards de dirhams ont été récoltés depuis le début des privatisations dans le royaume en 1993. Mais Mohammed Chiguer se pose encore des questions : Ces privatisations ont-elles amélioré le taux d'emploi ? L'investissement ? Une évaluation s'impose selon l'économiste.