Mars 2014! Une opération entre les polices bolivienne et espagnole conduit à la libération dans la jungle bolivienne d'une fillette marocaine de 9 ans dont les parents, MRE vivant en Espagne, avaient signalé la disparition... 6 mois plutôt. Seulement cette délivrance de la fille oriente les soupçons de l'enquête sur un éventuel deal passé entre les parents de la fillette et un voisin bolivien. Plus l'enquête avance, plus les révélations se succèdent et la négligence des parents se précise. Ces derniers réussissent quand même à éviter la prison à la faveur d'un règlement à l'amiable de l'affaire qui n'en cache pas une affaire rocambolesque. Détails. Images de l'arrestation du kidnappeur présumé et de la libération de la jeune fille (DR) Grover Morales, l'homme qui a emmené la fillette marocaine avec lui dans la jungle bolivienne, purge depuis 2014, une peine de 17 ans de prison Rebondissement dans l'affaire de la fillette marocaine de 9 ans séquestrée en Bolivie ! Les parents de la fillette, poursuivis et condamnés à 2 ans de prison pour «abandon et négligence», n'iront pas en prison. Et pour cause, un juge barcelonais a ratifié un accord à l'amiable selon lequel les parents, tous deux Marocains, ne purgeront pas leur peine s'ils acceptent de verser 20 000 euros d'indemnités à leur fille, rapporte l'agence EFE. Une négligence parentale avérée Dans le jugement, les parents ont reconnu avoir passé en juin 2013, un accord «à but lucratif» avec un voisin originaire de Bolivie, Grover Morales, pour lui signer une autorisation avec laquelle il pouvait voyager avec leur fille aînée âgée de 9 ans, s'il acceptait de prendre en charge les frais liés au voyage. L'autorisation notariée, signée par les parents, ne fixait ni la date de départ ni la date de retour du voyage de Grover Morales avec leur fillette. Selon le jugement, en dépit de la méfiance des parents conjuguée à la signature de cette autorisation, l'accord «porte atteinte gravement aux devoirs de protection qui incombent aux parents». Ces derniers «ont privé leur fille de l'aide morale et matérielle nécessaire, et, contre sa volonté, l'ont laissé sous la responsabilité d'une personne extérieure au cercle familial qui n'a offert aucune garantie de soins de l'enfant», révèle le jugement. Autre signe de négligence relevé par la sentence, les parents n'avaient ni vacciné la fillette ni pris de précaution médicale encore moins manifesté de l'intérêt de communiquer avec leur fille qui n'avait pas de téléphone portable. Révélations fracassantes et versions divergentes Cette affaire rocambolesque débute en août 2013. Grover Morales, un Bolivien de 35 ans, vit à Hospitalet de Llobregat près de Barcelone depuis un an. Voisin avec une famille marocaine ayant une fille aînée âgée de 9 ans, l'homme entretient de bons rapports avec cette famille. Ces rapports conduisent les parents à autoriser leur fillette à partir avec leur voisin en Bolivie. La fillette et le jeune homme quittent Barcelone le 28 août 2013. Seulement à leur arrivée en Bolivie Grover Morales explique aux parents avoir égaré les documents de voyage pour eux deux avant de couper toute communication avec la famille. Restés des semaines sans nouvelles de leur fille, les parents signalent sa disparition à la police. S'engage alors une opération hispano-bolivienne pour tenter de retrouver la jeune fille. Celle-ci vit dans la jungle bolivienne avec Grover Morales qui habitait chez sa mère. La fille âgée de 9 ans y a été battue, séquestrée et forcée à s'occuper de tâches ménagères. Après plus de 6 mois de captivité, la jeune fille est libérée, le 8 mars 2014 grâce à une opération hispano-bolivienne. C'est là que les révélations fracassantes sont faites sur l'itinéraire qui a conduit la fille en Bolivie. Dans un premier temps, les parents, en situation irrégulière en Espagne, affirment avoir laissé leur fille partir en vacances en Bolivie et s'être rendu compte plus tard de son kidnapping. Puis, ils changent très vite de version et indiquent avoir laissé la fillette partir en espérant qu'elle revienne avec des papiers boliviens permettant de la régulariser. Une fillette traumatisée à vie Interrogé, Grover Morales qui avait liquidé tous ses biens en Espagne avant de partir en Bolivie, réfute l'enlèvement et la séquestration. Plus surprenant encore, il explique avoir obtenu l'autorisation des parents pour … un futur mariage avec la fillette ! Pourtant, s'il n'a pas de casier judicaire en Espagne, Grover Morales est connu de la justice bolivienne puisqu'il avait déjà été condamné pour viol sur ses demi-sœurs. L'examen médical de la fillette marocaine après son sauvetage n'a pas révélé cependant de sévices sexuels. Ce qui n'empêchera pas la justice bolivienne de le condamner à 17 ans de réclusion. La fillette quant à elle avait indiqué aux policiers avoir voyagé avec son ancien voisin pour aller acheter de l'or. Elle été placée dans un centre d'accueil depuis son retour en Espagne qui avait été retardé car elle n'avait aucun papier sur elle. Psychologiquement, elle souffre de chocs post-traumatiques et détresse psychologique liés à l'affaire. Nul doute que la compensation que ses parents lui verseront n'effacera les séquelles irréversibles dont elle souffre.