L'ONG Human Rights Watch dénonce dans un rapport sur son site, l'usage de la violence par la police lors des manifestations organisées la semaine dernière dans plusieurs villes du royaume par des enseignants-stagiaires «Matraquer et jeter des pierres à des manifestants pacifiques sont des moyens qui sortent du domaine légal pour la dispersion d'une manifestation pacifique», a déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint de la région MENA pour HRW. «Les autorités marocaines devaient s'assurer que la police et les forces de sécurité n'utilisent pas une violence inutile contre les manifestants doivent tenir pour responsable quiconque en userait» a t-il ajouté. Selon des témoignages recueillis par HRW et des vidéos et photos de la manifestation qui lui ont été transmises, l'ONG fait état de coups de pieds, de jets de pierres et d'utilisation de matraque par des policiers en tenue et d'autres en civil. Toujours selon HRW, plusieurs manifestants ont été blessés dont certains grièvement nécessitant un transfert à l'hôpital où ils n'ont pu rester que 24 heures en raison d'une interdiction de la police. Après analyse des photos, vidéos et dossiers médicaux des manifestants blessés, HRW a indiqué que les éléments recueillis corroboraient les récits des victimes. Tout en reconnaissant que les manifestants ont organisé des rassemblements sans autorisation, HRW estime que «même si les normes internationales autorisent à disperser des manifestants qui entravent la circulation ou l'ordre et si [seulement] les manifestants qui refusent l'ordre de se disperser, la police doit utiliser le minimum de force pour atteindre un objectif légitime». Et l'ONG d'ajouter selon les normes internationales comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l'usage de la force par la police ne doit se faire que dans des situations où cela est strictement nécessaire ou si les autres moyens restent sans effet. Pour rappel, à l'appel de leur coordination national, les enseignants-stagiaires ont organisé jeudi dernier des manifestations pacifiques devant les centres régionaux de formation des villes de Casablanca, Marrakech, Tanger, Fès, Oujda et Inezgane. Ils protestaient contre des décrets du ministère de l'Education nationale prévoyant un passage de l'allocation mensuelle de 2 454 DH à 1 200 DH. Un autre décret du même ministère ne prévoit pas l'assurance-emploi pour les stagiaires ayant terminé leur formation. Selon des chiffres de l'AMDH repris par HRW, la répression policière suite aux manifestations a fait 100 blessés à Inezgane, 40 à Casablanca et 20 à Marrakech.