L'extrême gauche n'a pas totalement chamboulé le paysage politique espagnole après les élections législatives. Même s'il réalise une percée, Podemos a dû se contenter de la 3ièmeplace. Ce qui rassure le Maroc. Le PP est certain de continuer à gouverner le pays pendant les quatre prochaines années. Malgré quatre années d'austérité, les Espagnols ont accordé la première place au Partido Popular (PP) avec 123 sièges à l'issue des législatives du dimanche 20 décembre. Le raz-de-marée annoncé de Podemos n'a pas vraiment eu lieu. La formation d'extrême gauche est arrivée troisième avec 69 députés à la Chambre basse du parlement. Ce résultat rassure et les officiels marocains et les partenaires européens de Madrid. Les premiers redoutaient un changement de la politique espagnole, initiée depuis 2004 par Zapatero, sur le dossier du Sahara. Les seconds craignaient qu'une victoire des camarades de Pablo Iglesias ne remette en question la rigueur budgétaire et son corolaire de baisse des aides sociales proposée par la Commission européenne aux pays de l'UE en crise. Le PP assuré de gouverner même en minorité Dès hier soir, le secrétaire général du PSOE, le grand perdant de ce scrutin avec seulement 91 sièges, a félicité le PP. Pedro Sanchez a affirmé devant une dizaine de ses fidèles que «c'est au parti arrivé premier de former un gouvernement». Il s'est dit disposé au «dialogue». Faudrait-il voir cela comme un appel du pied vers la droite classique en vue de conclure une alliance ? Une perspective à ne pas écarter, connaissant le profond fossé séparant le PSOE de Podemos. Podemos a échoué dans son projet de se substituer complètement au PSOE, comme cela avait été réalisé en Grèce par Syriza avec le parti socialiste grec (PASOK). Le PSOE devra sans doute se contenter de quatre années de plus dans les rangs de l'opposition. Surtout le PP pourrait profiter des indices économiques qui commencent à sortir du rouge et des prévisions annonçant un retour de la croissance pour enfoncer encore plus la direction du PSOE en quête d'un nouveau souffle. L'appel au «dialogue» lancé par Pedro Sanchez a été entendu, quelques minutes plus tard par Mariano Rajoy. Le leader du PP a martelé, devant des fidèles qui scandaient «nous sommes Espagnols», que «l'Espagne a besoin de stabilité». Une position entièrement partagée par le jeune chef de Ciudadanos. Albert Rivera a mis en garde contre les «extrémismes», une allusion à peine voilée à Podemos et aux partis catalans qui appuient un referendum d'indépendance en Catalogne. Mariano Rajoy devrait former son exécutif d'ici le 13 janvier. Et même s'il n'arrivait pas réunir une majorité absolue (176 députés), il pourrait gouverner avec une minorité de sièges. Une pratique que José Maria Aznar avait déjà expérimentée de 1996 à 2000.