Le journaliste français Jean Pierre Tuquoi a-t-il été empêché de témoigner dans le procès opposant Ahmed Charaï à Ignacio Cembrero ? Ne pouvant pas se rendre à Madrid pour témoigner dans le procès qui s'ouvre aujourd'hui même, le journaliste français Jean Pierre Tuquoi a décidé de témoigner par écrit au consulat général d'Espagne à Paris. Seulement après lecture du témoignage, le consul général a refusé d'enregistrer au motif que c'était «une affaire politique entre Cembrero et le Maroc», indique RSF Espagne. Alors que l'intervention de son confrère français, qui aurait pu être décisive pour sa défense selon ses soutiens, Ignacio Cembrero estime qu'en refusant de recueillir ce témoignage, le consul général d'Espagne à Paris viole ses droits de citoyen espagnol. Le journaliste espagnol a notamment le soutien de Reporters sans Frontières, l'Association de la presse de Madrid et la Fédération des journalistes d'Espagne, le Défenseur du peuple ainsi que plusieurs députés, qui dénoncent une entrave à la défense d'Ignacio Cembrero en le privant d'un élément fondamental pour se défendre conformément à l'article 24 de la constitution espagnole. Ils ont envoyé une demande d'explications au ministère des Affaires étrangères. le consul est un diplomate, pas un notaire Du côté des autorités espagnoles, on se réfugie derrière le code notarial. Le sous-secrétaire aux Affaires étrangères, Cristobal Gonzalez-Aller explique que l'article 145 du code notarial ne serait pas applicable dans le cas présent parce que «le consul d'Espagne à Paris n'est pas vraiment un notaire mais un officier public, dont les fonctions et la nature prédominantes sont de caractères consulaires et diplomatiques». Le sous-secrétaire a donc fait valoir l'action diplomatique sur l'action notariale qui aurait permis au consul de recueillir et transmettre le témoignage à charge de Tuquoi contre Ahmed Charaï. Cristobal Gonzalez-Aller explique que les remarques sur la non-réception de son témoignage ont été notifiées à Jean Pierre Tuquoi avant de lui conseiller de le déposer auprès d'un notaire français. Pour rappel, le journaliste espagnol Ignacio Cembrero est poursuivi pour avoir affirmé dans une tribune que le patron du magazine l'Observateur du Maroc, Ahmed Charaï est "un collaborateur des services secrets marocains". Pour sa défense le journaliste espagnol avait décidé de faire témoigner son confrère français, lui aussi spécialiste du Maroc et du Maghreb.