Dans un parcours professionnel de près d'un quart de siècle, Ignacio Cembrero s'est distingué par une imagination fertile et une soif de célébrité qui l'a conduit à s'ériger en protagoniste de l'information au lieu de se limiter à son rôle de journaliste. Les lecteurs marocains ne connaissent pas le "journaliste" espagnol, Ignacio Cembrero. Travaillant au journal madrilène «El Pais», il n'écrit qu'en espagnol et de ce fait, son nom n'est connu que de quelques hispanophones; ses articles ne sont lus au Maroc que par quelques hispanophones qui ont fini par connaître son manque de crédibilité et ont cessé de le lire depuis. Confiant dans le manque de connaissance effective des réalités marocaines de ses compatriotes espagnols, il leur a toujours servi des informations non fondées et généralement créées de toutes pièces. Pour lui, dans une information, il doit y avoir du sensationnel. Sinon, elle ne mérite pas sa signature. Et quand il le faut, il n'hésite pas à rajouter du sien. Agé de 54 ans, dont il a passé 25 à travailler dans son domaine préféré, à savoir "l'industrie de l'information", il ne s'est jamais contenté de relater les faits comme l'imposent les règles du professionnalisme journalistique et de la déontologie de ce métier. Pour lui, une information doit toujours être habillée par une mise en scène lui conférant un aspect romanesque digne des séries noires ou des romans d'espionnage des années soixante. Et il ne se contente pas d'exagérer ou d'inventer des faits, il s'y trouve parfois une place et s'installe en personnage de ses propres récits. D'ailleurs, l'on se souvient de ses divagations de mars 2002 lorsqu'il accusa les services de sécurité marocains de l'avoir harcelé et menacé alors qu'il se trouvait à Rabat pour l'une de ses "missions". Il venait juste de participer à l'édition espagnole d'un livre diffamatoire sur la personne de S.M. le Roi et se devait de mener une opération marketing pour ce produit. Il inventa alors une histoire de persécution policière de la part d'éléments de la DST marocaine et s'est érigé en victime du système marocain. Le 09/03/2002, on pouvait lire dans le site du Polisario l'information suivante : «L'envoyé spécial du quotidien espagnol ''El Pais'' à Rabat, Ignacio Cembrero, ''a déposé plainte vendredi contre cinq agents de la DST'' marocaine pour ''harcèlement'' et ''intimidation'' …le journaliste espagnol, qui a été suivi pendant la journée de jeudi, ''a été approché par cinq agents'' dont deux ''se sont rapprochées'' de lui et ''lui ont lâché, ''si tu continues comme ça, on va te casser la gueule''… Ignacio Embrero s'est dirigé au siège du…qui se trouve à quelques centaines de mètres et ''a appelé l'un des directeurs d'«El Pais» à Madrid et son ambassade à Rabat. Il n'a alors quitté les lieux qu'après que le conseiller à la communication de l'ambassade d'Espagne, le consul général, un autre diplomate et un interprète marocain sont venus le chercher vers 23h''… Le journal, qui indique en outre que son directeur a été ''insulté et menacé'', écrit, d'autre part, que le journaliste espagnol ''aurait été menacé à cause de la préface qu'il a signé dans la traduction à l'espagnol du dernier livre de Jean Pierre Tuquoi sur le Maroc, ''Le dernier roi''…Mercredi dernier, la chambre du journaliste dans un hôtel à Rabat ''avait été fouillée, et des objets personnels jetés par terre''…». Cette narration faite par Cembrero lui-même rappelle des cènes de certains films d'espionnage des années soixante où l'on pouvait voir un espion caché derrière son journal pour observer quelqu'un via un trou qu'il s'est avisé de faire au milieu de son journal. Ridicule. Cette créativité au moment de "créer l'information", Cembrero n'en fait pas usage uniquement lorsqu'il s'agit du Maroc. Le 10 janvier 1998, il a failli provoquer un grand conflit entre le Vatican et Cuba lorsqu'il avait prétendu que les services secrets de ce pays avaient truffé de micros la résidence réservée au Pape Jean Paul II dans la capitale cubaine, La Havane, à l'occasion de la visite du Souverain pontife. Dans un article publié dans son journal sous le titre "Découverte d'un microphone dans une résidence que le Pape utilisera lors de son voyage à Cuba", Cembrero avait prétendu que les services secrets cubains avaient installé des micros pour espionner le Pape. Une information qui fut démentie tant par le Vatican que par les Cubains. Ces deux faits ne sont que deux exemples parmi des dizaines d'affaires où l'imagination dudit journaliste dépasse la réalité des faits qu'il est supposé narrer.