Dans une tentative de convaincre la Cour da sa bonne foi et de gagner la sympathie des magistrats qui la composent, Cembrero déclara que son journal et lui-même reconnaissent la marocanité de l'îlot Leïla. La Cour d'appel de Casablanca a décidé, hier, de reporter au 24 courant le procès intenté par le journaliste du quotidien espagnol “El Pais”, Ignacio Cembrero, à notre quotidien "Aujourd'hui le Maroc" (ALM). L'audience, qui s'est déroulée sous la présidence de Me Mustpaha Farès, a été consacrée à l'audition des journalistes d'ALM, Khalil Hachimi Idrissi, en tant que directeur de la publication, Abdellah Chankou et Omar Dahbi, auteurs de trois articles publiés par ce quotidien et que le journaliste espagnol a qualifiés de diffamatoires à son encontre. La prochaine audience de la Cour sera consacrée aux plaidoiries des avocats. Au début de l'audience d'hier, l'avocat du plaignant, Me Abderrahim Berrada, a précisé que son client poursuit les journalistes d'ALM pour l'avoir accusé d'espionnage et de complot contre le Maroc. La Cour a ensuite procédé à l'audition des journalistes marocains dont la défense est assurée par Me Abdelkébir Tabih du barreau de Casablanca. Répondant aux questions de la Cour sur les articles qui font l'objet de la plainte, le directeur de la publication d'Aujourd'hui le Maroc, Khalil Hachimi Idrissi, a affirmé que tout ce qui a été relaté dans lesdits articles sur l'implication du journaliste espagnol dans l'affaire du faux communiqué du fantomatique "Comité marocain des officiers libres" a été publié après une vérification des données conformément aux règles professionnelles du journalisme. Le directeur d'ALM a, par la suite, expliqué devant la Cour que la publication des révélations sur cette affaire était dictée par le devoir national d'un organe de presse qui se doit d'expliciter devant l'opinion publique nationale les dessous de l'affaire dite des "officiers libres", et ce afin que les citoyens puissent comprendre qu'il ne s'agit que d'une conspiration orchestrée par des adversaires du pays dans une tentative de le déstabiliser en dénigrant ses institutions sacrées. De leur côté, les journalistes Omar Dahbi et Abdellah Chankou ont affirmé, chacun de son côté, que le journaliste espagnol est effectivement impliqué dans la fabrication du faux communiqué des officiers libres et que cette affirmation émane d'une enquête journalistique menée par l'équipe de la rédaction d'ALM suite à la publication, en exclusivité, par le journal madrilène “El Pais”, d'un article signé par Ignacio Cembrero et faisant état de l'existence d'un mouvement organisé de protestation au sein des Forces Armées marocaines. "L'enquête d'ALM a révélé que toute l'opération a été montée par des milieux hostiles au Maroc avec la complicité d'un officier marocain déserteur du nom d'Abdelilah Issou", ont affirmé les journalistes devant la Cour. De son côté, le journaliste espagnol a tout d'abord démenti avoir écrit un article sur l'affaire des officiers libres avant de finir par le reconnaître lorsque Me Tabih présenta à la Cour un article signé par Cembrero et dans lequel il confirme que ce Comité existe réellement. Après cette manœuvre, Cembrero tenta de convaincre la Cour qu'il était à Madrid le jour où il s'était entretenu avec Issou pour démentir l'information publiée par ALM dans le cadre de son enquête, selon laquelle l'intéressé se trouvait à Ceuta avec le lieutenant-déserteur. Pour ce, il présenta deux documents rédigés, l'un par le directeur d'“El Pais” et l'autre par le directeur du journal "Cinco Dias" tendant à accréditer sa thèse. La défense expliqua à la Cour que les deux témoignages émanent des employeurs du plaignant. D'ailleurs, la Cour a remarqué l'existence de plusieurs contradictions entre les déclarations de Cembrero et les deux témoignages écrits en ce qui concerne l'emploi du temps du journaliste ce jour-là. La défense des journalistes d'ALM procéda ensuite à interroger Cembrero sur les sources dont il tient les détails qu'il a relatés dans l'un de ses articles où il raconte par le menu le déroulement d'une scène se rapportant à la décision du rappel de l'ambassadeur marocain à Madrid qui avait été prise par les hautes autorités du Maroc à Agadir. Répondant à cette question, Cembrero affirme qu'il ne peut révéler ses sources et que tout ce qu'il pouvait dire que lesdits détails émanent de sources confidentielles de “haut niveau“. Par ailleurs, et dans une tentative de convaincre la cour de sa sympathie pour le Maroc, il déclara devant la cour que les positions de son journal ont toujours été en faveur des causes marocaines. "Mon journal, El Pais, et moi-même, estimons par exemple que l'îlot Perejil (Leila) est marocain et nous avons publié d'ailleurs une carte qui le confirme", a-t-il ajouté. Sur ce, la cour leva la séance en fixant la date des plaidoiries pour le 24 février. Affaire à suivre.