L'affaire est assez inédite pour être signalée. Une organisation musulmane canadienne a décidé de poursuivre le Premier ministre pour diffamation. Depuis, les deux parties mènent des surenchères verbales par avocats interposés. Arguments des uns et des autres! Le Premier ministre canadien se serait bien passé de cette mauvaise publicité. Le conseil national des musulmans canadiens (NCCM) a décidé de poursuivre Stephen Harper et son ancien conseiller en communication, Jason MacDonald, pour diffamation, indique un site canadien. L'acte d'accusation est motivé par des propos de Jason MacDonald qui déclarait à la chaîne de télévision Sun News que le NCCM entretenait «des liens documentés avec une organisation terroriste telle que le Hamas». Des accusations balayées d'un revers de main par l'organisation musulmane qui exige une rétractation publique du Premier ministre pour laver sa réputation. A cela s'ajoute la réclamation de 100 000 dollars à titre de dommages et intérêts. Mais Stephen Harper ne compte pas se soumettre aussi facilement à cette demande. Son avocat a fait savoir, requête introduite devant la cour en mains, qu'il entendait prouver les liens supposés entre l'organisation musulmane canadienne et le Hamas. Et pour porter le coup le premier, l'avocat de Stephen Harper a demande à avoir accès à la liste des donateurs du NCCM, à des informations sur certains administrateurs de l'organisation ainsi qu'à des documents sur le passage du nom de CAIR-CAN à NCCM. Ce dernier esquive et fait savoir par la voix de son avocat que certains documents non pertinents à l'affaire, n'existent tout simplement pas Un procès qui en cache un autre hyper-médiatisé Mais pour comprendre ce bras de fer par avocats interposés, il faut remonter à il y a un an. L'organisation musulmane avait signalé la présence du rabbin controversé Daniel Korobkin dans la délégation accompagnant Stephen Harper lors d'une visite officielle au Moyen-Orient. Face au tollé de la critique du NCCM, le conseiller de Stephen Harper avait lâché «Nous ne prendrons pas au sérieux des critiques d'une organisation qui a des liens documentés avec une organisation terroriste telle que le Hamas». Le NCCM avait estimé alors son image ternie par ces propos et avait réclamé une rétractation publique, sans réponse. L'organisation musulmane s'est ensuite décidée à porter l'affaire devant les tribunaux. Les deux parties devront cesser au moins pour un temps les hostilités. Le juge en charge de l'affaire au palais de justice d'Ottawa, a renvoyé l'ouverture du procès à plus tard. Ironie du sort ou hasard du calendrier de la justice canadienne ? A quelques mètres de la salle où était instruit le bras de fer NCCM-Stephen Harper, se tenait un autre procès hyper-médiatisé sur le scandale du sénateur Duffy. Il faut dire que ce scandale concernant le remboursement de dépenses inappropriées implique directement le bureau du Premier ministre. Stephen Harper sortira-t-il de ce double-procès sans y laisser de plumes politiques ?