Le sénateur libéral Roméo Dallaire est dans la capitale américaine pour tenter d'influencer l'équipe de transition du président Obama dans le dossier de la libération d'Omar Khadr. Il tient lundi une conférence de presse en compagnie de l'ex-enfant soldat Ishmael Beah ainsi que de l'ancien procureur au tribunal pour crimes de guerre en Sierra Leone, David Crane, lequel avait alors décidé de ne pas traduire en justice les enfants soldats. Aucune rencontre en tant que telle n'est prévue avec des membres de l'équipe présidentielle, mais le sénateur Dallaire a tissé des liens avec des sénateurs démocrates proches de l'équipe de transition depuis la convention démocrate d'août dernier. Le président désigné Obama a déclaré dimanche qu'il ne pourrait pas fermer la base de Guantanamo dans les 100 premiers jours de son mandat. Il invoquait la complexité du processus judiciaire, parce que la plupart des détenus de Guantanamo n'ont pas subi de procès. Toutefois, le réseau américain CNN rapportait lundi sur son site Internet que Barack Obama voudrait fermer la prison de Guantanamo dès la première semaine de son mandat. Selon des responsables gouvernementaux proches de l'équipe de transition à la Maison-Blanche et parlant sous le couvert de l'anonymat, il souhaiterait ainsi marquer la rupture avec l'administration précédente de George W. Bush. L'un des responsables a précisé que cette fermeture s'effectuerait sur ordre présidentiel, une approche préconisée également par le sénateur républicain John McCain, adversaire de M. Obama durant la dernière campagne présidentielle. Le cheval de bataille de Roméo Dallaire Le sénateur libéral s'implique depuis plusieurs années pour rapatrier le dernier détenu canadien emprisonné à Guantanamo depuis 2002. Il souhaite l'arrêt des procédures à l'encontre du Canadien en raison de son jeune âge au moment de son arrestation (15 ans) ce qui lui conférerait, selon lui, le statut d'enfant soldat. Il demande donc son rapatriement au pays dès que possible. Il déclare que son emprisonnement contrevient à la signature d'un traité international, en l'an 2000, ratifié par le Canada, visant à ne pas traduire en justice les enfants soldats. Il ajoute que les Cours suprêmes canadienne et américaine considèrent comme « juridiquement illégale » la détention d'Omar Khadr. Guantanamo, toujours un dossier chaud La visite du sénateur Dallaire à Washington survient au moment où le Toronto Star révèle dans son édition de lundi qu'il existerait des dissensions entre les avocats du gouvernement canadien et la position adoptée par le premier ministre Harper dans le dossier d'Omar Khadr. Selon des documents gouvernementaux obtenus par le journal torontois, il est écrit que « le statut juvénile d'Omar Khadr devrait être pris en compte dans tous les aspects de sa détention, la façon dont il est traité, les procédures et son jugement éventuel ». Les documents cités ont été remis au Toronto Star à la suite d'une demande en vertu de la Loi d'accès à l'information faite il y a 17 mois. Or, Stephen Harper est toujours demeuré catégorique sur le fait qu'il ne souhaite pas intervenir dans ce dossier et laisser la justice américaine suivre son cours. Radio-Canada.ca avec Toronto Star