La commémoration d'Anoual de cette année pourrait connaitre des affrontements entre activistes rifains et forces de l'ordre. Les premiers ont annoncé le projet de protestation sur le lieu de la bataille alors que les autorités veulent réserver exclusivement le site au Haut-commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l'armée de libération pour organiser une cérémonie. Ce sont deux lectures de l'Histoire diamétralement opposées qui s'affrontent. Le Maroc commémore le 21 juillet 2015 le 94ème anniversaire de la bataille d'Anoual. A cette occasion, les coordinations rifaines du «Mouvement Taouaddan Imazighen», un réseau très actif au Rif et dans le Souss, compte organiser un sit-in sur le même lieu qui avait connu la victoire des hommes de Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi sur les soldats espagnols du général Manuel Fernández Silvestre. Dans un communiqué, l'ONG a mis en garde les pouvoirs publics d'user une nouvelle fois de la force pour interdire la célébration. L'an dernier, le site d'Anoual avait été le théâtre d'une confrontation entre manifestants et éléments de la sûreté, causant des blessés, des évanouissements et une seule personne arrêtée pendant quelques heures dans les rangs des organisateurs de la protestation. L'intervention des forces publiques contre des membres d'associations locales visait à faire taire ces voix contestataires afin de laisser le champ libre au très officiel Haut-commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l'armée de libération. Cette année le même scénario risque de se produire. «Non à la politisation de l'événement» Des Rifains estiment que l'instance véhicule des faits historiques complètement erronés sur la bataille d'Anoual. Une idée largement partagée dans la région par les acteurs de la société civile. Les ONG locales appellent à révéler la vérité à la fois sur la victoire des troupes d'El Khattabi sur l'Espagne en 1921 mais également sur les événements tragiques de 1958-1959, les incidents de 1984 à Nador et sur les assassinats de plusieurs figures de la résistance amazighe au lendemain de l'indépendance du royaume. La commémoration de la bataille d'Anoual cette année ne peut échapper à la précampagne pour les communales et les régionales que connait le Rif. Pour des visées électoralistes, l'Istiqlal et le PAM surfent sur la vague de la mémoire rifaine et les difficultés judiciaires de petits agriculteurs du kif avec les autorités. Les coordinations rifaines du «Mouvement Taouaddan Imazighen» ont d'ailleurs annoncé prendre leurs distances avec les objectifs des deux formations.