La première journée du procès des deux jeunes filles d'Inezgane a connu une petite surprise. Le représentant du ministère public s'est rallié la cause de la défense. Détails. Ce matin s'est ouvert au tribunal de première instance d'Inezgane le procès des deux filles poursuivies par la justice pour «outrage public à la pudeur» à cause de jupes, jugées trop coutres, qu'elles portaient le 14 juin dernier. Et l'affaire s'annonce plutôt bien partie pour les deux protagonistes. Et pour cause, des avocats de la défense et le représentant du ministère public sont sur la même longueur d'onde. Ils réclament tous le retrait des poursuites judiciaires contre les prévenues. La position affichée par le magistrat vient désavouer l'initiative de ses collègues du parquet général qui ont décidé de poursuivre les deux jeunes filles pour avoir violé l'article 483 du code pénal. Par contre, elle est plutôt conforme avec la teneur du communiqué conjoint des ministères de la Justice et de l'Intérieur, publié la semaine dernière. Des commerçants demandent le respect de la pudeur Le procès a également été marqué par une forte présence devant le tribunal de membres d'ONG des droits de l'Homme et des dizaines d'avocats venus soutenir les deux mises en cause. Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls. Des commerçants du «Marché du Mardi» ont également profité de l'occasion pour brandir une banderole, avec une photo du roi Mohammed VI, appelant «au respect de la pudeur» dans les lieux publics. Une association acquise à leur cause a elle tenu à dénoncer dans un autre message toujours accompagné de la photo du souverain, la «politisation» du dossier. Concernant l'audience, la présentation des vices de forme de la procédure était au cœur des débats cet après-midi. Pendant plus de trois heures, les avocats de la défense se sont relayés pour prendre la parole, et demander en cœur l'acquittement de leurs clientes et la poursuite de certains commerçants pour «harcèlement». Il est fort probable que la cour accède à leurs demandes pour clore définitivement ce tumultueux dossier. Mais avant de prononcer sa sentence, la cour est appelée à entendre les témoins à charge, comme l'exige l'article 483 : «L'outrage est considéré comme public dès que le fait qui le constitue a été commis en présence d'un ou plusieurs témoins involontaires ou mineurs de dix-huit ans, ou dans un lieu accessible aux regards publics». Ce qui devrait raviver davantage la tension entre la défense et certains commerçants, auteurs de la plainte contre les deux filles.