Si Hacking Team a toujours été muette sur le sujet, la société italienne créatrice du logiciel d'espionnage a été victime d'un piratage qui a levé le voile sur ses clients. Selon les documents qui ont fuité, le ministère de l'Intérieur, la DGST (ex DST) et la CSDN (Conseil Supérieur de la Défense Nationale) sont les clients marocains de la société. Al Fahad Smart System, une entreprise basée à Dubaï, serait la société qui représente Hacking Team dans le royaume. Hacking Team ne s'y attendait certainement pas. La société italienne chargée d'éditer des logiciels d'espionnage et de surveillance a été victime d'un piratage dimanche. En effet, des données appartenant à l'entreprise ont été mises en ligne. Comment cela s'est passé ? Dimanche soir, le compte Twitter de la société @hackingteam a publié des liens vers un fichier .torrent de 26 Mo. Ce dernier donnait accès à une archive de 400 Go de données, dont des e-mails, des contenus de disques durs, des enregistrements audio, ou encore des codes sources. Des informations qui viennent donc mettre à mal la position de la société qui niait catégoriquement que des gouvernements étaient parmi ses clients. L'intérieur et la DGST principaux clients marocains ? La liste comprend plusieurs pays dont le Maroc, la Corée du sud, le Kazakhstan, l'Arabie saoudite, l'Egypte, le Nigeria, Oman, la Mongolie ou encore les Etats-Unis. Plusieurs pays européens y figurent également : Italie, Luxembourg, Pologne, Espagne, Suisse, Allemagne, Hongrie, Chypre. Concernant le Maroc, des documents font état d'un renouvellement de licence du Conseil Supérieur de la Défense Nationale (CNDS) avec Hacking Team (31 décembre 2014). Le ministère de l'Intérieur (31 décembre 2014) et la Direction de la Surveillance du Territoire seraient également parmi les clients de Hacking Team, même si pour le moment les sommes déboursées pour l'ensemble des services de la société italienne à ses clients marocains n'ont pas encore filtré. En revanche, 837 000 euros auraient été facturés à la DST en septembre 2011, deux mois après qu'une équipe de Hacking Team a séjourné au Maroc. #Maroc #Android le petit renouvellement de licence du Conseil Suprême de la Défense Nationale avec Hacking Team pic.twitter.com/orvJ7OUiKK — Olivier Laurelli (@bluetouff) 6 Juillet 2015 Selon toujours les documents qui ont fuité, Al Fahad Smart System, une entreprise basée à Dubai, serait la société qui représente Hacking Team dans le royaume. #hackingteam au #Maroc par l'entremise d'Al Fahad (comme Amesys) pic.twitter.com/PKiNnPFQv4 — Olivier Laurelli (@bluetouff) 6 Juillet 2015 Ces révélations interviennent après la dangereuse cyber-attaque subie par le collectif Mamfakinch en 2012. Celle-ci s'était produite quelques jours seulement après que Mamfakinch ait reçu le Breaking Borders Award 2012, par Global Voices et Google. A l'époque, Hacking Team n'avait pas nié son déploiement au Maroc, mais n'avait pas non plus souhaité commenter sa mise en cause. «Ennemie d'internet» L'espionnage d'internet est en tout cas régulièrement dénoncé par des associations au Maroc. Récemment, L'Association des Droits Numériques (ADN) indiquait que le gouvernement marocain avait acheté, en 2011, pour une valeur de 2 millions d'euros à la société française Amesys Bull, connue pour la vente de technologies à la Libye, des infrastructures de surveillance lui permettant de censurer et de surveiller le trafic internet dans le pays. Plus globalement, d'après les chiffres du cabinet d'études IDC en 2013, l'Etat marocain a dépensé plus de 14,5 milliards de dirhams en matériel hardware, solutions logicielles et services en 2012. Ce révélations ne vont pas redorer l'image de la Hacking Team qui traine déjà une mauvaise réputation pour son aide à certains gouvernements. La société est considérée par Reporters Sans Frontières comme une «ennemie d'Internet» dans la mesure où elle fournit des moyens de surveillance aux autorités et aux pays qui violent les droits de l'Homme. Son outil «Da Vinci» est capable d'intercepter et de collecter des échanges a priori chiffrés sur les messageries comme Skype. Ce système autoriserait même la mise en marche à distance de webcams ou de micros intégrés de postes informatiques ou de smartphones. Article modifié le 06/07/2015 à 20h16