Après la dangereuse cyber-attaque subie par le collectif Mamfakinch l'année dernière, l'entreprise créatrice du logiciel -à la base de cet incident, Hacking Team, est mise en cause sur le net. Elle ne nie pas son déploiement au Maroc, mais refuse de révéler l'identité de ses clients. L'entreprise italienne Hacking Team est mise en cause pour la vente au Maroc d'une solution de surveillance de réseau, rapporte Reporters sans frontières (RSF). En effet, le logiciel de Hacking Team a été identifié sur les ordinateurs des bureaux du site d'information Mamfakinch en juillet dernier. Les journalistes-militants du collectif ont reçu, via le formulaire de contact de Mamfakinch.com, un mail intitulé «Dénonciation», contenant un lien vers un document Word qui prétendait contenir des informations confidentielles importantes. En réalité, une seule ligne de texte s'y trouvait : «s'il vous plaît ne mentionnez pas mon nom ou quoi que ce soit d'autre, je ne veux pas de problèmes». La cyber-attaque s'était produite quelques jours seulement après que Mamfakinch ait reçu le Breaking Borders Award 2012, par Global Voices et Google. Hacking Team, muet sur l'identité de ses clients au Maroc Joint par RSF, Hacking Team ne nie pas son déploiement au Maroc, mais s'abstient de tout commentaire au sujet de sa mise en cause. Selon son porte-parole, l'entreprise prend «des précautions» pour s'assurer que ses logiciels ne sont pas détournés». «Le cas échéant, nous menons des enquêtes. Quoiqu'il en soit, nous ne révélons pas les identités de nos clients ou leur localisation», affirme-t-il. L'entreprise italienne décrit elle-même ses technologies comme étant «offensives». Elle commercialise ses logiciels dans près de 30 pays à travers le monde et prétend ne pas traiter avec les pays qui violent les droits de l'Homme. Seulement, la cyber-attaque dont Mamfakinch avait été victime l'année dernière est extrêmement rare et dangereuse. Le virus détecté est celui développé par Haking Team. Mais, l'identité de l'auteur n'a jamais été découverte. Cependant, ne s'offre pas ce logiciel qui veut. Pour obtenir la licence, il faut débourser la modique somme de 200 000 euros par an, soit plus de deux millions de dirhams. Le journaliste de Slate.com, Ryan Gallagher, qui avait révélé l'information, sans détour, soupçonnait le gouvernement marocain d'être à la base de cette cyber-attaque. L'Etat a investis 14,5 milliards en solutions informatiques en 2012 D'après les chiffres du cabinet d'études IDC, l'Etat marocain a dépensé plus de 14,5 milliards de dirhams en matériel hardware, solutions logicielles et services en 2012, soit une hausse de 9,6% par rapport à l'année précédente, rapporte La Vie éco. Le Maroc s'est lancé depuis 2011 dans un processus d'e-gouvernance. Il est vrai que le gouvernement a largement déployé sa stratégie au cours de l'année dernière, ce qui pourrait justifier l'augmentation de son investissement dans le domaine des technologies informatiques. Cependant, qui aurait bien pu débourser autant d'argent pour détruire Mamfakinch ?