LʼAïd Al Adha, c'est une fête familiale, mais aussi un espace de quelques jours dans lequel se concentre une part impressionnante des dépenses annuelles des Marocains. Lors de lʼAïd Al Adha ce sont des milliers dʼéleveurs qui viennent en ville écouler leurs moutons et autres bêtes destinés au sacrifice. Des milliards de dirhams changent ainsi de mains en seulement quelques jours et chaque année, une grande partie des bénéfices drainées par la fête est transférée au monde rural. Pour cette année 2010, un communiqué des services techniques du ministère de lʼAgriculture et de la Pêche Maritime paru fin octobre, indique que «les disponibilités en ovins et caprins destinés à lʼabattage de lʼAïd sont estimées à 7,6 millions de têtes dont 4,73 millions dʼovins mâles et 2,87 millions dʼagnelles et de caprins». Selon ces mêmes estimations, la demande quant à elle avoisine les 5,2 millions de têtes, dont 4,75 millions dʼovins (4,2 millions mâles et 550 000 femelles) et 428 000 de caprins. Dès lors, une comparaison entre l'offre et la demande fait état dʼun approvisionnement en bétail conséquent. LʼAïd el-Kebir constitue donc une aubaine pour les éleveurs marocains. Le produit des ventes du bétail pendant cette période rapporte énormément. Si lʼon considère que le prix au kilogramme dʼun mouton est à 47 DH, une bête dʼun poids de 50 kg, reviendrait à environ 2 000 DH environ. Pour un poids «moyen», soit 60 kg, il faut tabler sur un peu moins de 3 000 DH. Au-delà de 60 kg, le poids «lourd», la mise peut facilement dépasser les 3 000 DH. De là, un petit calcul démontre l'importance de la fête pour l'économie nationale. Si l'on considère un prix moyen par tête de 2 500 DH, on en arrive à 13 milliards DH de dépenses pour les animaux (caprins inclus). Cela correspond à presque 2 % du produit intérieur brut (PIB) marocain, qui était d'environ 90 milliards dollars américains en 2009, soit environ 700 milliards DH. Et cela, sans compter toutes les activités économiques qui entourent la fête de l'Aïd, ces dizaines de milliers de personnes qui gravitent autour du commerce du mouton (vendeurs de paille, bouchers itinérants, tanneurs ou encore aiguiseurs de couteaux). Ils font facilement grimper la contribution de l'Aïd au-delà des 2%. MRE : Cet argent qui rentre au pays ... Nombreux sont les émigrés installés une peu partout dans le monde qui transfèrent vers leurs familles des fonds importants pour lʼAïd Al Adha. Laila, fonctionnaire dans un organisme international à Madrid nous confie : « Jʼenvoie régulièrement de lʼargent lors de lʼAïd el-Kebir à ma mère et mes sœurs restées au Maroc pour assurer les dépenses». Une augmentation sensible des flux financiers entre le Maroc et les pays de résidence des MRE qui contribue à coup sûr à dynamiser lʼéconomie nationale durant la « grande » fête.