Chaque année à lʼapproche de lʼAïd El Adha revient lʼéternel casse tête pour les chefs de famille marocains : Comment rassembler la somme nécessaire à lʼachat du mouton ? Pas tous peuvent compter sur leur épargne - ce qui fait la fête aux sociétés de crédit au Maroc. A l'approche de l'Aïd, les affiches publicitaires en témoignent. Le motif du mouton revient souvent. Le coût des bêtes destinées au sacrifice est très souvent soumis au bon plaisir des vendeurs mais varient également selon la qualité, la race, lʼâge des animaux, le lieu et la date de lʼachat. Un tour dans les grandes surfaces et autres points de vente spécialisés nous renseigne sur la fourchette de prix qui varie entre 2 000 et plus de 3 000 DH. En outre, à en croire nos confrères de la Vie Eco dans leur édition du 18 octobre dernier, le prix constaté est compris entre 42 et 45 DH le kilo pour le Sardi réputé pour la bonne qualité de sa viande et entre 37 et 38DH le kilo pour la race dite Timahdit. Selon certaines prévisions, une augmentation très importante des prix du mouton serait même à craindre. Elle serait due principalement au nouveau code de la route et les limites qu'il impose quant au transport d'animaux. De quoi hérisser les cheveux des chefs de famille disposant dʼune petite bourse. Crise économique oblige, ils se voient obligés le plus souvent de renoncer au sacrifice au grand dam de leurs familles. Dʼautres plus chanceux et disposant de revenus assez conséquents ont recours aux prêts remboursables sur plusieurs mois proposés par les banques. Les affiches publicitaires invitant à cela ne manquent pas. Résultat : ces sociétés de crédit se positionnent en bienfaitrices et cet argent vient à point nommé. Seul bémol : les intérêts perçus puisque lʼIslam interdit toute forme de crédit avec usure. Il nʼest pas permis de prêter une somme dʼargent à une personne et de lui demander dʼen remettre plus en échange du délai. Malheureusement, le système bancaire ne respecte pas à la lettre ces consignes religieuses. «Les banques prêtent de lʼargent, accordent des crédits. Elles doivent bien en retirer un bénéfice», dixit Naima, en service dans une agence sise à Rabat. La religion est pourtant claire à ce sujet. «Ce nʼest pas la peine de sacrifier un mouton quand on nʼen a pas pleinement les moyens» renseigne Ahmed, spécialiste des questions islamiques. Malheureusement, les pressions dʼordre social obligent nombre de chefs de famille à sʼendetter et à avoir recours aux emprunts. Le problème reste alors entier. Il est toujours possible de sacrifier un bouc, une chèvre ou bien encore un agneau. Mais au risque de vous exposer aux moqueries et railleries. «Jʼimagine mal mes parents acheter un agneau pour lʼAïd. Ce serait assurément une honte si cela venait à sʼébruiter dans le quartier». Toute dernière solution : acheter son mouton à la dernière minute et damer le pion ainsi aux éleveurs et autres revendeurs.