L'annonce par GNV du remplacement, à partir du 5 juin, de la ligne Sète-Nador par Sète-Melilia a très mal sonné aux oreilles des Marocains de l'étranger qui ne cessent de manifester leur mécontentement sur internet. Yabiladi a tenté d'obtenir des explications auprès des autorités et de la compagnie, chacun rejette la responsabilité sur l'autre. «C'est pas possible !», «Mauvaise nouvelle !», «Déçue», voilà les réactions des Marocains de l'étranger après l'annonce par Grandi Navi Veloci (GNV) du remplacement de la ligne Sète-Nador par Sète-Melilla à partir du 5 juin prochain, date marquant le lancement de l'opération transit ou Marhaba cet été. Une affaire de conformité aux normes du port selon les autorités Les interrogations des MRE sont nombreuses, d'autant que dans son communiqué de presse, la compagnie italienne n'a pas fourni d'explications sur les raisons de ce changement. A la direction de la Marine marchande, on invoque des raisons d'ordre technique. «Le bateau qu'utilisait GNV sur cette ligne était non conforme aux caractéristiques du port de Nador», affirme à Yabiladi Hicham Ichouhani, chef de service Lignes maritime. «Le bateau accostait au port de commerce. Non seulement cela perturbait l'accueil des passagers, mais c'était dangereux pour les passagers piétons qui faisaient des navettes non sécurisées», explique-t-il. «Dans ces conditions l'Agence nationale des ports (ANP) a convoqué une réunion avec les dirigeants de GNV leur demandant de changer de bateau», ajoute-t-il. Et visiblement les deux parties ne sont pas arrivées à s'entendre par rapport aux exigences de l'autorité portuaire. Mais comme le soulignent plusieurs internautes, le port de Melilla est connu pour connaitre une énorme affluence pendant l'été, occasionnant des files d'attentes quasi-interminables au niveau du passage frontalier, à Beni Ensar. Une desserte de plus en provenance de Sète pourrait avoir pour conséquence d'alourdir davantage le passage à la frontière pour les MRE. Les autorités en charge de l'opération Mahraba y ont-elles pensé ? Une question à laquelle M. Ichouhani dit ne pas avoir la réponse, nous renvoyant vers l'ANP. «Ce n'est pas l'ANP qui a demandé à GNV de changer de desserte», tient à préciser avant tout Mohamed Hjiej, directeur du port de Nador, joint par Yabiladi. «Nous leur avons demandé de mettre en conformité leur bateau aux conditions d'accès au port», dit-il, ajoutant que seule la direction centrale de l'ANP est habilitée à fournir plus de détails sur le sujet. Mais sur place, le responsable en charge du dossier est indisponible. Décision à contre cœur pour GNV Pour sa part le représentant de GNV à Sète, Euromer, refuse que la faute de ce changement soit rejetée sur la compagnie. «Le port de Nador est un port assez petit et difficile d'accès en cas de mauvais temps. Pour des raisons de sécurité, les autorités marocaines ont demandé à GNV d'utiliser un bateau plus court. La compagnie en a un, mais celui-ci ne sera disponible qu'à partir de fin septembre» explique à Yabiladi le gérant d'Euromer, Fabien Sala, soulignant que l'opérateur italien s'est vu dans l'obligation de desservir Melilla, pour ne pas interrompre le transit pour les MRE désirant rejoindre - cet été - la région de Nador à partir de Sète. «Ce n'est pas avec gaieté de cœur que cette décision a été prise, ni pour la compagnie, ni pour le représentant Euromer, ni pour les clients», confie M. Sala. En effet, Euromer goutte déjà au mécontentement des MRE. «Il y a eu beaucoup d'annulations. Les gens ne veulent pas passer par l'Espagne», affirme le responsable, estimant «regrettable» que les autorités portuaires marocaines imposent cette nouvelle condition maintenant, alors que «pendant l'été, il y a très peu de mauvais temps» en mer. «Si les autorités marocaines demandent demain à GNV de revenir, la compagnie reviendra», lance-t-il, soulignant la desserte de Melilla ne durera «que pendant l'été». Quoi qu'il en soit, l'opération transit cette année sera vraisemblablement marquée par des changements. Outre le remplacement de lignes de GNV, rappelons que de nouvelles compagnies de droit marocain, à savoir Naveline et Red Fish, opéreront sur les lignes reliant le Maroc à l'Espagne. D'après Hicham Ichouhani, les préparatifs suivent normalement leur cours. «Le grand souci actuellement, est d'établir le plan de flotte des navires qui vont opérer. Nous y travaillons», confie-t-il. Mais la gestion des contrôles demeure un défi majeur, surtout avec le changement de GNV. Ces dernières années, les MRE transitant via Melilla ont beaucoup dénoncé la lenteur de la douane marocaine à leur entrée à Béni Ensar pendant l'été. L'an dernier, les autorités avaient promis la fluidité sans être à même de mettre cela en oeuvre. Cette année encore, les MRE attendront certainement de voir ce que feront les autorités frontalières pour leur épargner le plus possible ce type de désagrément.