Les acteurs politiques marocains sont aujourd'hui embarqués dans un jeu puéril qui leur fait encore plus perdre en crédibilité. Seule une intervention de Mohammed VI peut y mettre fin. Le chef du gouvernement et l'opposition qui ne cessent de revendiquer le soutien du roi ont sans doute besoin d'un rappel à l'ordre. Le jeu politique marocain se résume aujourd'hui à savoir quel camp a le soutien de Mohammed VI. Le chef du gouvernement et l'opposition ne cessent de s'autoproclamer comme des porte-paroles du Palais. Pour remettre un peu d'ordre dans les débats, il ne reste plus désormais qu'à espérer une intervention royale publique. Celle-ci serait salutaire car les échanges entre opposition et majorité virent de plus en plus à l'insulte et à la diffamation. Chaque partie se permet de répandre de «présumées colères royales» sur son adversaire. Des allégations qui impliquent directement l'entourage de Mohammed VI dans ses «fuites». Il faut rappeler que Abdelilah Benkirane et les patrons des quatre partis de l'opposition parlementaire (Istiqlal, PAM, USFP et UC) ont eu séparément, en mars et début d'avril, des réunions avec les conseillers du roi, Fouad Ali El Himma et Abdellatif Mennouni. Ces entretiens visaient à convaincre les protagonistes de respecter les règles de bienséance. Mais la mission n'a visiblement pas été couronnée de succès. La séance des questions orales à la Chambre des représentants du 28 avril s'est soldée par un retour à la case départ. Depuis les hostilités ont repris de plus belle. Chaque camp, visiblement en manque d'arguments pour défendre ses positions, sort l'arme de la carte royale afin de discréditer celui d'en face. Bakkoury répond à Benkirane, Benkirane réplique à Bakkoury Le 1er mai à Casablanca, le chef de l'exécutif animait un meeting de l'UNMT (le bras syndical du PJD). Devant ses fidèles, il a avancé que le roi n'avait pas accordé d'attention au mémorandum que lui avait adressé l'opposition. Il ne fallait bien entendu pas s'attendre à que cette dernière reste sans réagir à cette attaque. Et la réponse est venue du leader du PAM qui était invité sur les plateaux de la chaîne Al Aoula le 5 mai. Mustapha Bakkoury a affirmé devant les caméras que Mohammed VI n'avait pas apprécié que le chef du gouvernement instrumentalise le Palais à des fins électoralistes. «Nous avons eu des précisions montrant que Sa majesté le roi n'est pas satisfait de la manière avec laquelle Benkirane instrumentalise l'institution royale», a souligné le secrétaire général du PAM. Là aussi, la réponse du PJDiste n'a pas tardé. Dans des déclarations au quotidien Akhbar Al Yaoum, il a qualifié les propos du PAMiste de «dangereux». Il s'est ensuite demandé «est-ce que Sa majesté le roi a besoin de l'opposition pour me transmettre ses instructions et ses orientations ?» A sa manière, le chef de l'exécutif attribue tous «les reproches» de l'opposition à «sa bonne relation avec le roi». Et ce jeu risque de continuer encore longtemps.