Depuis plusieurs semaines, Yassine Belattar, humoriste français d'origine marocaine, a lancé une «tournée interdite» dans les villes gérées par le Front National (FN) en France. Il en explique les raisons dans une interview accordée au Monde et livre sa recette pour contrer le parti de Marine Le Pen. Détails. Les villes gérées par le FN «sont dans la rancœur politique», déclare Yassine Belattar dans un entretien avec Le Monde. «Pour les habitants, les mandats UMP, PS se suivent et se ressemblent», ajoute-il. C'est ce constat fait par l'humoriste franco-marocain qui l'a poussé à lancer en janvier dernier une «tournée interdite» dans ces villes. Son premier spectacle a eu lieu à Hénin-Beaumont le 16 janvier. Le 17 il était à Marseille 7ème secteur et le 30 il était à Mantes-la-Ville. «Je me suis déplacé parce que […] c'est facile de s'engager à plus de 9 000 km contre Pinochet. Il faut aller sur les terres FN, voir ce qu'on a raté», explique Belattar soulignant qu'en tant qu'artiste, il a voulu «comprendre». De manière générale, ses spectacles se sont plutôt bien passés. Les gens «ont rigolé et m'ont remercié d'être venu» à Hénin-Beaumont, confie-t-il. Mais il ajoute cependant que «le fameux mépris parisien dont parle le FN il est palpable là-bas». D'après l'humoriste, les habitants des villes gérées par le parti d'extrême droite se plaignent régulièrement qu'il n'y a personne qui les représente à la télé. «C'est très sournois», juge Belattar arguant que «la télé française a créé des monstres comme Eric Zemmour (ce n'est pas moi qui le dit, c'est Laurent Ruquier) qui ont fini par trouver un écho chez des racistes qui s'ignorent». Le Pen au pouvoir, les humoristes pourraient la faire partir En allant sur leur terrain, il voulait également comprendre cette vision qu'ont les pro-FN de certains citoyens d'origine immigrée. Pour eux, «l'Arabe et le Noir, c'est un mec en casquette qui vole leur portable. Ils demandent des Arabes et des Noirs qui viennent en costard», explique l'humoriste, soulignant qu'heureusement qu'il y a des gens comme Rachida Brakni qui arrivent à faire oublier leurs origines même aux pro-extrême droite. Mais contrairement à ses collègues humoristes, la montée en puissance du FN n'effraie pas Yassine Belattar, au contraire. D'après lui, «le rôle des artistes est primordial» face à cette réalité. Ce professionnel du rire de 33 ans estime qu'il est temps que ses confrères parlent de ce qu'ils voient «et non pas de ce dont on discute autour d'une coupe de champagne». Et ce n'est pas l'élection du FN au pouvoir qui le découragera. «Les artistes qui disent "si Marine Le Pen est élue, je me barre", cela ne donne pas envie d'aller à la guerre avec eux. Si jamais elle gagne, j'ai encore plus envie de rester et de tout faire pour qu'elle parte».