Jean-Luc Mélenchon estime que sa possible candidature aux élections législatives de juin à Hénin-Beaumont, fief de Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais, provoquerait une «bataille homérique» avec la présidente du Front national. L'eurodéputé a indiqué qu'il serait «fixé» samedi sur sa candidature et que rien n'était pour l'instant tranché mais ses propos semblent laisser peu de doutes quant à ses intentions. «Ça va être une bataille homérique en quelque sorte, avec une symbolique qui est extrêmement puissante puisque c'est le berceau du mouvement ouvrier français et que c'est en même temps l'endroit où Madame Le Pen, par bravade, a décidé de s'installer», a déclaré vendredi sur France Info le candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle. «C'est vrai qu'il y a là un beau symbole», a-t-il ajouté, sans toutefois confirmer sa candidature dans la circonscription de la présidente du Front national. A ce jour, une éventuelle candidature du président du Parti de gauche est envisagée dans le Pas-de-Calais, mais aussi dans les Bouches-du-Rhône, l'Hérault, et la région parisienne. La piste d'une candidature à Hénin-Beaumont, «sérieusement» envisagée au sein du Front de gauche, semble toutefois privilégiée, et n'a pas tardé à faire réagir les ténors du Front national, qui critiquent le «parachutage» de Jean-Luc Mélenchon dans le Nord. «UN SANS CIRCONSCRIPTION FIXE» Sur Europe 1, Marine Le Pen a ironisé sur «l'amour» de l'ancien socialiste à son égard. «C'est un SCF, un sans circonscription fixe, il cherche la circonscription la plus gagnable», a-t-elle dit. «Je croyais que c'était de la rage, je m'aperçois qu'en fait c'est de l'amour», a-t-elle ajouté, évoquant l'attention que lui porte Jean-Luc Mélenchon. Jean-Luc Mélenchon, qui a fait de la lutte «Front contre Front» l'une de ses priorités de campagne dans la course à la présidentielle, et a tour à tour qualifié la présidente du FN de «semi-démente», «chauve-souris» et «yéti de la politique française», a longtemps cru qu'il pourrait ravir à Marine Le Pen la troisième place du premier tour de la présidentielle. Mais le candidat du Front de gauche a réuni le 22 avril 11,10% des voix contre 17,90% pour la présidente du Front national. Au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen est arrivée en tête à Hénin-Beaumont avec plus de 35% des voix contre un peu moins de 12% pour le candidat du Front de gauche. Aux municipales de 2009, sa liste avait recueilli 47,62% des voix dans cette ville dont elle a fait son laboratoire, ce qui ferait d'elle un adversaire à la mesure d'un Jean-Luc Mélenchon soucieux d'apparaître en première ligne face au Front national. Par ailleurs, Marine Le Pen a lancé vendredi un appel aux députés UMP, évoquant une «proximité» avec certains d'entre eux, qu'elle a invités à rejoindre le Front national. «Il y a, au sein de l'UMP, chez les élus de base et chez certains députés, une proximité avec les idées que nous défendons depuis des années qui est évidente», a observé la présidente du FN sur Europe-1, ajoutant que les dirigeants de l'UMP sont, eux, «beaucoup plus proches des socialistes». De fait, a poursuivi la dirigeante frontiste, «ceux qui, sincèrement, partagent nos idées doivent maintenant quitter l'UMP». Sans donner de noms, elle déclaré penser «à des candidats, à des élus de base, qui se rendent compte que la ligne qui est défendue par les dirigeants de l'UMP, qui est une ligne pro-socialiste, n'est pas admissible». Les élections législatives auront lieu les 10 et 17 juin prochains.