Entre Marine Le Pen et son père Jean-Marie, il n'y a plus de différence. Si le père et la fille sont très connus en France pour leurs discours anti-islam très radicaux, Marine s'était jusqu'à présent abstenue des propos sur la Seconde guerre mondiale. Vendredi 10 décembre à Lyon, elle a comparé «les prières de rue» de musulmans à l'occupation de la France durant la Seconde guerre mondiale. Cette sortie de Marine Le Pen a été vivement critiquée et condamnée en France. «Il y a quinze ans on a eu le voile, il y avait de plus en plus de voiles. Puis il y a eu la burqa, il y a eu de plus en plus de burqa. Et puis il y a eu des prières sur la voie publique (...) maintenant il y a dix ou quinze endroits où de manière régulière un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires», a indiqué l'avocate et conseillère régionale du Nord Pas-de-Calais. Marine Le Pen était à un réunion du parti à Lyon, fief de Bruno Gollnisch, son concurrent à la succession de Jean-Marie Le Pen. Poursuivant son intervention, Marine Le Pen a ajouté : «c'est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes, y a pas de blindés, y a pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même». Samedi, elle a assuré qu'elle ne faisait pas allusion à l'occupation allemande, mais plutôt a une forme d'occupation. «J'aurais pu aussi parler de l'occupation par les Anglais à l'époque de Jeanne d'Arc», a-t-elle relevé. Toutefois, elle a maintenu ses propos provocateurs. Condamnations de la classe politique et de la société civile Dimanche sur France Info, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a répliqué aux propos de Marine Le Pen en demandant davantage de mosquées, non sans rappeler le rôle joué par les musulmans dans le passé de la France. Pour Dalil Boubakeur, Marine Le Pen «a dû oublier l'apport important des musulmans durant les épreuves nationales de la France». Selon lui, si des musulmans prient dehors, c'est parce qu'il n'y a pas assez de lieux de culte. «Je ne pense pas que les musulmans cherchent volontairement à prier d'eux-mêmes dans la rue ou qu'ils recherchent les trottoirs (...) mais il y a un tel retard dans la construction des mosquées que la foi musulmane ne trouve pas suffisamment de lieux de culte décents», a-t-il expliqué. Enfin, Dalil Boubakeur a tout simplement réclamé : «Je dis, oui, il faut qu'on donne aux musulmans le moyen de pratiquer leur culte d'une façon décente». La classe politique française, toute tendance confondue, a dénoncé les propos de la conseillère municipale d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Au lendemain de la réunion de Lyon, Benoit Hamon, porte-parole du Parti socialiste, a indiqué que «Marseille a été libéré par les Algériens. Marine Le Pen juge que les petits enfants des libérateurs de Marseille sont des occupants quand sa famille politique, l'extrême droite française, elle, était du côté de la Collaboration». Le ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, François Baroin, a dénoncé lundi la «provocation supplémentaire». Des voix se sont élevées également chez les Communistes et chez les Verts. Hormis les politiques, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) mais aussi le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) se sont faits entendre. Dans un communiqué, le CRIF s'est déclaré «indigné» par les propos de Marine Le Pen. Les affirmations de Marine Le Pen «constituent une double et mensongère manipulation, de l'histoire et du langage», a-t-il ajouté. Le MRAP pour sa part, a envisagé de porter plainte contre la vice-présidente exécutive du FN pour incitation à la haine raciale.