L'Union Européenne ne compte pas fermer les yeux sur les détournements des aides destinées aux camps de Tindouf révélés récemment par l'OLAF (Office Européen de Lutte Antifraude). Elle a décidé de revoir drastiquement à la baisse ces aides humanitaires après ce rapport mettant en cause Alger. Le Front Polisario accuse Rabat qui, selon lui, est derrière ce rapport. Nouveau développement dans l'affaire de détournement des aides destinées aux camps de Tindouf. L'Union Européenne a indiqué qu'elle comptait réduire drastiquement ces aides suite au rapport de l'OLAF (Office Européen de Lutte Antifraude) couvrant la période 2003-2017 et publié récemment. Dans ledit rapport, l'UE accuse l'Algérie d'un détournement «bien organisé depuis des années» de l'aide humanitaire accordée aux réfugiés sahraouis de Tindouf. Elle parle d'un «détournement de fonds» et d'une «fraude massive» concernant ces aides humanitaires, un «business» auquel Bruxelles veut mettre fin. En effet, Ingeborg Grassle, eurodéputé allemand du parti démocrate chrétien (CDU) a rédigé un rapport, dont la présentation se fera en plénière fin mars, indique El Diario. L'élu souhaite ainsi un «réexamen» des aides accordées aux Sahraouis de Tindouf, qui s'élèveraient à dix millions d'euros par an. Grassle demande que la Commission Européenne «adapte l'aide de l'UE aux besoins actuels de la population touchée, pour mettre fin une fois pour toutes au détournement de fonds et à la fraude sur l'aide humanitaire». Plus de 64 000 refugiés fictifs ! Si l'UE est très regardante dans l'octroi de l'aide, elle n'avait pas un total contrôle sur celle destinée aux Sahraouis, car les chiffres donnés par le Polisario étaient loin de refléter la réalité. En effet, le Front parlait de plus 158 000 refugiés en 2004 alors que l'OLAF n'en recensait que 91 000 en 2007. Et pendant près de 40 ans, le front a refusé que l'UNHCR fasse le recensement des refugiés de Tindouf. Pire, selon El Mundo, le front a dilapidé 385 000 euros de la Croix Rouge espagnole qui devait servir à l'achat de chameaux. Quant à l'aide humanitaire, elle se retrouvait sur le marché noir pour parfois être vendue dans des pays comme le Mali, le Tchad et la Mauritanie, explique El Mundo. Aujourd'hui, certains députés comme Grassle ne comprennent pas que l'OLAF ait attendu aussi longtemps pour mettre la lumière sur les aides détournées. «Je suis surpris que l'OLAF ne recommande pas à la Commission l'ordre de récupérer certains fonds mal accordés qui causent un dommage dans le budget humanitaire de l'Union», regrette-t-il, faisant ainsi référence aux 64 000 refugiés fictifs du front Polisario. Le Front accuse Rabat Ce dernier, mal en point, accuse même les autorités marocaines d'être derrière le rapport de l'OLAF. Selon son représentant auprès des institutions européennes, Mohamed Sidati, le rapport de l'OLAF a été mis en avant par les «lobbies» du Maroc «pour soumettre les Sahraouis à un chantage alimentaire et faire pression sur eux…». Sidati ajoute qu'il ne comprend pas pourquoi les contrôles interviennent «maintenant». Après la publication du rapport, le député européen Gilles Pargneaux, président du groupe d'amitié UE-Maroc, avait réagi en qualifiant les détournements de l'aide humanitaire aux camps de Tindouf de «scandaleux». L'eurodéputé, selon qui le rapport confirme «des informations déjà obtenues sur le terrain», avait plaidé pour un recensement des Sahraouis à Tindouf.