L'Union européenne doit prendre des sanctions à l'encontre des responsables des détournements massifs et organisés de l'aide humanitaire européenne destinée aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf, a affirmé l'eurodéputé socialiste Gilles Pargneaux. «Il y a urgence pour l'UE de faire toute la lumière sur l'affaire des détournements de l'aide destinée aux populations de Tindouf et de prendre des sanctions à l'encontre des responsables de ces fraudes», a indiqué M. Pargneaux lors d'une réunion de la Commission contrôle budgétaire (CONT) au Parlement européen avec la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. M. Pargneaux s'est dit «indigné» d'apprendre qu'une grande partie de l'aide européenne aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf dans le sud-ouest algérien soit vendue sur des marchés étrangers au profit des dirigeants du polisario et de leurs acolytes. Cette fraude de grande ampleur révélée par l'Office européen anti-fraude (OLAF) «porte atteinte à la crédibilité des institutions européennes», a-t-il martelé, notant que les services d'audit européens ont conclu que la majeure partie de l'aide est détournée par les dirigeants du polisario avec la bénédiction des autorités algériennes qui n'ont a jamais accepté à ce que les habitants des camps de Tindouf soient recensés malgré les demandes répétées de l'ONU. Seule la partie de l'aide permettant aux populations des camps de Tindouf de survivre est distribuée, a fait observer le président du Groupe d'amitié UE-Maroc au Parlement européen qui a également pointé du doigt les restrictions imposées par les autorités algériennes et la direction du polisario aux organisations internationales désirant mener des missions de contrôle et d'inspection dans les camps pour s'assurer que l'aide internationale parvient effectivement aux populations à qui elle est destinée. L'eurodéputée allemande du Groupe du Parti populaire européen (PPE) et présidente de la commission Contrôle budgétaire au Parlement européen, Ingeborg Grassle, a interpelé aussi le service diplomatique de l'UE au sujet des fraudes et des irrégularités constatées par l'OLAF lors de son enquête sur les détournements de l'aide allouée par l'UE aux habitants des camps de Tindouf. «Parmi les millions d'euros alloués annuellement par l'UE aux populations de Tindouf combien sont détournés par le polisario ?», s'est-elle interrogée, ajoutant qu'elle ne peut pas imaginer que le service européen pour l'action extérieure ne dispose de chiffres quant aux montants de l'aide détournée depuis plusieurs années. L'eurodéputé allemand Michael Theurer, Coordinateur du groupe Alliance des Libéraux européens (ALDE) au sein de la Commission CONT a lui aussi soulevé cette affaire de détournements se demandant si le service diplomatique de l'UE est pour le renforcement des contrôles pour s'assurer que l'argent du contribuable européen ne soit pas mal utilisé. «Il faut renforcer les contrôles afin d'éviter les abus constatés par l'Office européen anti-fraude qui vont à l'encontre des objectifs poursuivis par l'UE en matière d'affaires étrangères», a-t-il insisté. Le rapport de l'OLAF, réalisé en 2007 mais dont le contenu n'a été rendu public que la semaine dernière après une intervention du Médiateur européen, porte de lourdes accusations aux dirigeants du polisario et aux autorités algériennes et cite les noms des personnes soupçonnées d'être les organisateurs de ces détournements, qui commencent dans le port algérien d'Oran où est opéré le tri entre «ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné».