Une cour à Marrakech a condamné un sénateur de l'Istiqlal, Abdellatif Abdouh, à cinq ans de prison. Un verdict qui ne devrait guère enchanté Hamid Chabat. Une affaire entourée de plusieurs zones d'ombres, et déterrée après onze années de silence. Très tard dans la soirée d'hier, un tribunal de Marrakech a prononcé un verdict dans une grande affaire de corruption et de dilapidation de deniers publics, mettant ainsi un terme à un an de procès. Dans le box des accusés, un groupe d'élus conduit par le sénateur istiqlalien, Abdellatif Abdouh, ancien président de la commune Gueliz entre 1997-2003. Tous sont poursuivis pour corruption dans la cession d'un casino en 2001. Cette propriété de la commune avait été vendue à une société privée pour seulement 600 dh le mètre 2 alors que sa valeur sur le marché dépassait les 20.000 dh le m2. Chabat a dépêché une délégation pour soutenir les accusés La cour a condamné le conseiller Abdouh à cinq ans de prison, une amende de 50.000 dh et la saisie de quatre de ses appartements situés dans un complexe résidentiel qu'il aurait reçus en guise de «cadeaux» de la part de la société privée bénéficiaire de la transaction. La majorité des autres complices de l'Istiqlalien a eu droit à trois ans d'emprisonnements et 40.000 dh d'amende. L'audience d'hier a connu la présence d'une forte délégation du parti de la Balance conduite par le député Abdelkader El Kihel, envoyée par Hamid Chabat pour soutenir Abdouh. Le secrétaire général du PI a toujours clamé l'innocence du sénateur, pointant du doigt des parties, sous la tutelle du ministre de la Justice Mustapha Ramid. Une allusion au parquet général qui servirait dans cette affaire les intérêts du PJD, selon Chabat. Des zones d'ombres Hier soir, devant la cour, le principal accusé a martelé être victime d'une machination politique visant à le discréditer et nuire à sa carrière. Les trois avocats d'Abdouh ont toujours insisté sur l'hypothèse d'un règlement de compte, arguant que la cession du casino sur la base de 600 dh avait été dûment autorisée par la wilaya de Marrakech, à la tête de laquelle était trônait aux moments des faits, Mohamed Hassad, l'actuel ministre de l'Intérieur. C'est en effet à la suite d'une commission de l'Inspection général du ministère de l'Intérieur, envoyée sur place en 2007, soit six années après la conclusion de l'opération de vente, que des irrégularités ont été constatées. Le dépôt d'une plainte par un conseiller communal en 2008, suivi quatre années plus tard, d'une initiative similaire de la part d'une ONG de protection de biens publics, ont permis à la justice de se saisir du dossier. En 2012, soit neuf ans après son départ de la présidence de la commune de Gueliz, le parquet général est entré en jeu en accusant Abdouh de corruption. Ce dernier a, au même titre que les autres accusés, dix jours pour interjeter appel.