Trois compagnies maritimes Acciona Trasmediterránea, Balearia et FRS Iberia ont été condamnées par la Commission nationale Espagne de la concurrence (CNC) à payer 3,8 millions d'euros (plus de 40 millions de dirhams) d'amende. Elles sont accusées d'entente sur les prix appliqués durant les étés 2008 et 2009 sur la ligne Algésiras-Sebta. Les compagnies mises en cause ont contesté la sanction et ont indiqué vouloir faire appel. Acciona Trasmediterránea a écopé de la plus grosse amende (2 millions d'euros), suivie de Balearia (1,3 millions d'euros) et FRS Iberia (500 000 euros). Tout a commencé le 28 mai 2008. Ce jour-là, la CNC a reçu une plainte écrite venant de Sebta concernant le transport maritime des personnes et des véhicules entre Algésiras et Sebta au cours de la période du 14 au 27 mars 2008. Les plaintes étaient relatives aux tarifs pratiqués par quatre armateurs : Buquebus España, Acciona Trasmediterránea, Euromaroc 2000 et Ferrys Europa. En effet, ces compagnies auraient supprimé simultanément à l'époque, des offres promotionnelles et pratiqué des prix similaires. Europa Ferrys et Trasmediterránea, formant le groupe Acciona Trasmediterránea, ainsi que Buquebus España et Euromaroc 2000, qui forment le Groupe de Balearia, avait convenu de vendre leurs billets durant la semaine de Pâques 2008, au même prix empêchant du coup toute concurrence en matière de prix. Ces mêmes pratiques anticoncurrentielles ont été répétées au cours de l'été 2008. L'arrivée de FRS Iberia sur la même ligne maritime, qui devrait donc entrer en concurrence avec les compagnies existantes, n'a rien changé. Au contraire, FRS Iberia a rejoint ses prédécesseurs. Cette condamnation est une justice rendue à toutes les personnes lésées depuis presque trois ans par les prix de billets exorbitants. Elle devrait servir d'exemple à tous les transporteurs maritimes. Cependant, elle est loin d'être suffisante. Et pour cause, elle n'a concerné – pour le moment – que la liaison entre Algésiras et Sebta, l'une des plus fréquentées du Détroit de Gibraltar. Alors que les compagnies épinglées opèrent sur d'autres lignes du Détroit. Le temps a donné raison aux MRE Les tarifs élevés appliqués dans la traversée du Détroit, ont longtemps été décriés par les Marocains résidant à l'étranger (MRE), empruntant le bateau pour venir passer la saison estivale au Maroc. Durant l'été 2008, ils s'étaient plaints des prix élevés. Les armateurs, notamment marocains, avaient justifié la hausse du billet par la flambée du prix du pétrole. Une année plus tard, été 2009, les billets étaient toujours très chers alors que le pétrole avait connu une baisse. Le gouvernement n'avait rien fait pour soulager lpes MRE, et leur ministre de tutelle, Mohamed Ameur, s'était prononcé sur la polémique, mais avait préféré esquivé les questions et cité le communiqué des armateurs qui démentaient toute hausse. Pourtant cette année-là, la traversée au kilomètre dans le Détroit de Gibraltar était l'une des plus chères au monde. Algésiras-Tanger était deux fois plus cher que Douvres-Calais. Plus tard en fin 2009, Mohamed Ameur était de nouveau revenu dans un débat télévisé sur les fameuses hausses, en promettant une intervention du gouvernement. Jusqu'à présent il n'y a eu aucune action entreprise. D'ailleurs pour l'année 2010, il n'y a pas eu non plus de grand changement. Il y aurait même eu moins d'arrivée par bateau à cause, entre autre, de la chereté de la traversée. La CNC espagnole a donné un signal. Mais elle doit finir le travail qu'elle a commencé. Côté marocain, beaucoup de questions restent pour le moment sans réponse. Les autorités se pencheront-elles un jour sur le cas des compagnies marocaines comme la COMANAV et la COMARIT ? Si telle était le cas, quelle serait la portée des sanctions ? En attendant de voir un signe, il faut souhaiter que la CNC condamne encore les compagnies exploitant d'autres lignes qu'Algésiras-Sebta.