L'opération «Marhaba 2013» a démarré avec un gros handicap cette année. Une hausse généralisée des tarifs se fait de plus en plus sentir auprès des opérateurs espagnols qui profitent de leur monopole pour augmenter les prix de la traversée. Le package aller simple comprenant quatre passagers et un véhicule, produit phare de la traversée, est commercialisé cette année à 2.700 DH au lieu de 1.050 DH une année auparavant pour la ligne Tanger Med-Algésiras. Pour d'autres trajets, le prix du billet de la traversée peut dépasser 6.000 DH l'aller simple (pour quatre passagers et une voiture). Cette hausse de plus de 157% résulte de la diminution de l'offre capacitaire de plus de 50%, puisque le nombre de navires qui assurent la traversée du Détroit cette année est passé de 30 navires à 15 seulement. Face à cette situation qui pénalise l'opération «Marhaba 2013» et les MRE, gravement touchés par la crise en Europe, les autorités restent impuissantes. Les différents départements, à savoir le ministère de l'Equipement et du Transport, la Direction de la marine marchande, le ministère chargé des Marocains résidents à l'étranger, la Fondation Mohammed V et les autorités portuaires de Tanger Med, sont dans l'expectative. «En dépit des amendes, certaines compagnies maritimes continuent de monopoliser le marché du transport maritime au sein d'un cartel», s'est alarmée l'Association «La Asociación de Amigos del Pueblo Marroquí (Itran)», le 11 juin sur son site «www.itran-marruecos.org». Elle réagit à l'annonce de la hausse des prix des billets des traversées entre l'Espagne et le Maroc à l'approche de la saison estivale qui concernera en premier lieu les Marocains résidant en Europe qui choisissent de passer leurs vacances au Maroc, comme chaque année. «Cela nécessite une intervention rapide de la Commission nationale espagnole de la concurrence pour protéger les droits des consommateurs», estime-t-elle. «Des sources ont indiqué que l'augmentation n'est pas proportionnelle aux trajets et que chaque navire applique son propre tarif. Acciona Trasmediterránea exige même une taxe de dix euros pour les bébés, sachant qu'ils ne payaient pas avant», lit-on sur le site de l'Association. D'autre part, celle-ci avait mis en garde les autorités compétentes, exigeant un contrôle sanitaire approfondi des navires qui opèrent sur toutes les lignes de liaison entre le continent européen et le Maroc après qu'elle a constaté «le non respect des règles de santé et de sécurité au bord de certains navires». Un cartel organisé La Commission nationale espagnole de la concurrence (CNC) avait infligé, la fin de l'année dernière, une amende de 88,5 millions d'euros aux opérateurs de 13 lignes maritimes entre le Maroc et l'Espagne, qui formaient, selon la CNC, «un cartel de transport maritime de passagers et de marchandises entre 2002 et 2010», rapporte le site espagnol lainformacion.com. En effet, la Commission avait entamé des procédures disciplinaires contre les sociétés Trasmediterránea, Europa Ferrys, Cenargo España, Ferrimaroc, Balearia Eurolíneas Marítimas, Euromaroc 2000, Förde Reederei Seetouristik Iberia (FRS Iberia), Förde Reederei Seetouristik Maroc Sarl (FRS Maroc), International Maritime Transport Corporation (IMTC), Comarit, Líneas Marítimas Europeas, Comanav Ferry, CMA-CGM et Comanav. Elles ont été accusées «d'un comportement anticoncurrentiel interdit». Cela veut dire que lesdites compagnies se seraient mises d'accord sur le partage des marchés, des prix et des conditions commerciales des services de transport maritime de passagers et de véhicules entre la Péninsule et le Maroc. Ces accusations sont fondées sur des informations contenues dans certains documents recueillis au cours des inspections menées par la CNC au sein de diverses compagnies. Le Maroc n'a plus aucun ferry ! Ayant été la première compagnie à créer des lignes régulières pour répondre aux besoins des voyageurs entre les deux rives de la méditerranée, la compagnie maritime Comanav a cessé ses traversées, notamment celles qui avaient un grand succès (Sète-Nador, Sète-Tanger et Gênes-Tanger). En janvier 2012, les liaisons maritimes ont été interrompues. Les ferries ont été saisis en France à cause des lourdes créances impayées par Comanav et Comarit. D'ailleurs, cette dernière fait actuellement l'objet d'une liquidation judiciaire. En effet, le tribunal de commerce de Tanger avait prononcé, le 21 février dernier, un redressement judiciaire. Autre conséquence plus grave de la saisie des navires appartenant à Comarit-Comanav, pas moins de 190 membres d'équipages sont restés bloqués, l'année dernière à Sète au sud de la France. Après cinq mois de «prise en otage», le problème a pris une ampleur politique. Et c'est ainsi que le ministre de l'Equipement et du Transport a rencontré les marins pour s'entendre sur une solution afin qu'ils récupérent leurs salaires et revenir au pays. Eu égard à tous ces problèmes, et depuis quelques mois, toutes les liaisons sont désormais assurées par des navires appartenant à des compagnies étrangères.