Le 15 décembre Ignacio Cembrero et Javier Moreno, deux anciens journalistes au quotidien El Pais, comparaitront devant un juge du tribunal de l'Audience Nationale au sujet de la plainte déposée par le gouvernement marocain contre la direction d'El Pais, l'accusant d' «apologie au terrorisme». Le 14 novembre, la justice espagnole ordonnait à un magistrat du Tribunal de l'Audience Nationale d'examiner, pour la troisième fois et en l'espace de cinq mois, la plainte contre El Pais déposée en décembre 2012, par le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Une décision qui a donné raison à la défense de l'exécutif après avoir encaissé deux revers en juin et août derniers Aujourd'hui, le même juge, qui avait classé l'affaire, vient de fixer une date pour la comparution du journaliste Ignacio Cembrero, qui travaille actuellement au quotidien El Mundo, et son ancien directeur Javier Moreno, indique un média espagnol. Les deux hommes, accompagnés de leurs avocats, auront à présenter, le lundi 15 décembre vers dix heures du matin, des preuves à même de rejeter l'accusation d' «apologie au terrorisme» portée contre eux par le gouvernement marocain, suite à la diffusion, en septembre 2013, sur El Pais TV d'une vidéo d'Al Qaida au Maghreb islamique hostiles au royaume et appelant les jeunes à commettre des attentats. Un cas de jurisprudence ? La comparution de Cembrero et de Moreno constitue un fait rarissime dans les pays démocratiques. En effet, les chaînes en Europe, en Amérique et même dans certains pays arabes diffusent régulièrement des messages émanant de groupes terroristes menaçant de s'en prendre à des intérêts occidentaux ou à ceux de régimes arabes, sans pour autant donner lieu à des poursuites judiciaires contre ces médias. Preuve en est le dernier enregistrement vidéo d'Aboubakr Al Baghdadi, le calife autoproclamé de Daesh, diffusé le 13 novembre. Au cas où l'examen de la plainte contre El Pais et le processus de son instruction par une juridiction espagnole se conclut par un verdict condamnant le quotidien madrilène, nous serions alors face à un cas de jurisprudence qui devrait inciter d'autres parties à emboîter le pas au gouvernement marocain.