En séjour au Maroc, Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, a pris position sur le dossier des délocalisations de centres d'appel français vers le Maghreb. Elle a condamné les propos protectionnistes de Laurent Wauquiez. Propos que Michel Müller, ancien SG de la CGT du livre et de la communication, considère comme «démagogiques». Sur le dossier d'entreprises françaises délocalisant des parties de leurs activités à l'étranger, les traditionnels clivages gauche-droite s'estompent. L'Economiste en fournit un nouvel exemple ce jeudi, 5 août, en publiant une intervention de Ségolène Royal, ancienne candidate du Parti Socialiste aux élections présidentielles de 2007, sur le sujet des centres d'appels offshore au Maroc et en Tunisie. La présidente de la région Poitou-Charentes, en séjour au Maroc, a réagi dans les pages de l'Economiste à la proposition avancée à la mi-juillet par Laurent Wauquiez de tenir des assises des centres d'appel en France. L'objectif du secrétaire d'Etat à l'Emploi est d'élaborer un plan d'action contre les délocalisations, pour garder les implantations des entreprises du secteur en France. Sans nommer expressément le Maroc, il était tout de même le premier visé par ces déclarations, étant donné qu'environ la moitié des centres d'appel délocalisés opèrent ici. 30 000 des 60 000 salariés des centres d'appel offshore sont employés au Maroc, suivi de la Tunisie avec 12 000 salariés, selon des chiffres du ministère français de l'Emploi. Pour comparaison, en France, le secteur emploie environ 230 000 personnes. Les déclarations de M. Wauquiez ont fait couler beaucoup d'encre, notamment au Maroc, où le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ahmed Reda Chami, estimait que s'il «n'est pas encore temps de polémiquer», il est néanmoins «clair que les pistes évoquées [par M. Wauquiez] sont contraires à l'esprit d'ouverture économique». Les propos de Ségolène Royal vont dans la même direction que ceux du ministre marocain. Elle affirme que «M. Wauquiez a fait preuve d'agressivité et d'ignorance à l'égard de pays comme le Maroc et la Tunisie.» Selon elle, «menacer, comme il l'a fait, tout un secteur économique, qui a consenti beaucoup d'effort en équipements et en formation professionnelle, est contraire à l'esprit du codéveloppement entre la France et les pays de la Méditerranée.» Plaçant ainsi la question dans un cadre plus large que celui de mesures chocs pour l'emploi en France, Ségolène Royal attaque de nouveau Wauquiez, estimant que dans «un partenariat respectueux et intelligent […], les déclarations péremptoires et injustifiées n'ont pas leur place». S'agit-il d'une simple attaque politicienne contre Wauquiez, ou plutôt d'un début de prise de position sur ce dossier sensible pour un parti de gauche que constituent les délocalisations? Difficile à dire. Dans le second cas, Mme Royal pourrait cependant compter sur l'appui quelque peu inespéré de l'ancien secrétaire général de la FILPAC CGT (Fédération des travailleurs des Industries du Livre, du Papier et de la Communication CGT), Michel Müller, interrogé également par l'Economiste. Ce dernier critique également les propositions de Wauquiez de surtaxer les appels en provenance des centres implantés à l'étranger, d'attribuer des aides et des allègements de charges sociales aux entreprises restant en France, et de contraindre les centres d'appels d'annoncer à leurs clients leur localisation géographique. Selon Müller, «les travailleurs n'ont rien à gagner dans de telles mesures». Au contraire, les «réactions épidermiques» telles que celle de Laurent Wauquiez aggraveraient même les problèmes de l'emploi.