Décidemment, les parlementaires marocains tiennent à renvoyer d'eux une mauvaise image. Et la retransmission en direct par Al Oula des séances des questions orales leur facilite la tâche. Hier après-midi, les députés ont encore croisé le verbe sur sujet censé dépasser les clivages politiques : l'incident frontalier entre l'Algérie et le Maroc. Le parlement marocain est tombé, une nouvelle fois, dans son principal travers : la dispute verbale sur n'importe quel sujet y compris ceux dits nationaux. Hier, les députés du PJD ont refusé que l'opposition aborde, dans un «droit d'informer», l'incident des tirs de balles d'un soldat algérien sur un Marocain d'Oujda. Argument avancé : cela est contraire au règlement interne de la Chambre des représentants. Celui-ci stipule, en effet, que ce genre de questions sont posées vers la fin de la séance des questions orales, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas retransmises en direct par la première chaîne. Surenchère sur un sujet d'intérêt national Les islamistes, soutenus par un élu du RNI, alors que ceux du MP et PPS ont préféré garder leur distance avec cette querelle, ne voulaient pas que l'approche du gouvernement Benkirane vis-à-vis de l'incident soit l'objet de critiques. Chose qu'ils n'ont pu empêcher. La présidente, Mme Rachida Benmasoud, issue des rangs de l'USFP, a donné la parole aux députés du PAM, de l'Istiqlal et de l'USFP. Ce qui a provoqué l'ire des PJDistes. Mais la goutte de trop fut la volonté du ministre des Relations avec le parlement, Habib Choubani, de prendre la parole pour défendre la position de son gouvernement. Cette fois, c'est l'opposition qui a crié au non-respect du statut interne de la Chambre basse du parlement. S'en est suivie plusieurs minutes de vacarme, transformant l'hémicycle en un souk hebdomadaire ou chacun faisait la réclame de sa version. Devant l'impossibilité du retour au calme, la présidente a décidé de lever la séance. La retransmission en direct sur Al Oula fut, du coup, interrompue. Après la querelle, le compromis mais le mal est déjà fait Après une dizaine de minute de suspension, c'est la reprise. Mme Benmasoud a donné la parole au ministre des Relations avec le Parlement, Habib Choubani, pour détailler la position de l'équipe Benkirane sans que l'opposition ne s'agite. Une opposition qui a eu droit, également, à la parole. C'est Driss Lachgar, le premier secrétaire de l'USFP, qui s'est chargé de le faire. Et il en était de même pour la majorité, représenté par le président du groupe des députés du PJD, Abdellah Bouanou. Trois interventions qui ont vivement condamné l'incident du samedi à la frontière avec l'Algérie et pointé du doigt la responsabilité des autorités du voisin de l'Est dans cette escalade. Mais cette séance de rattrapage a donné une bien mauvaise image des parlementaires alors que le sujet est censé être d'intérêt national et au-dessus des calculs politiciens.