Au parlement, le débat sur le milieu carcéral a tourné en un affrontement direct entre les élus du PJD et ceux de l'USFP. Les premiers refusaient de débattre du sujet, alors que les seconds endossaient leur rôle d'opposants. Une altercation qui a profité à Benhachem, le patron des prisons. Mercredi 4 juillet, une commission d'inspection parlementaire a esquissé un portrait sombre de la prison d'Oukacha. Hier, mercredi 12 juillet, la parole a été donnée à la Délégation générale de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion, sous la tutelle directe du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Il a répliqué au très critique rapport des députés sur les conditions d'incarcération dans ce tristement célèbre centre de détention. Contrairement à la dernière séance, Hafid Benhachem est entré dans la salle Maghribya entouré de ses proches collaborateurs dont notamment : Mustapha Hilmi, le directeur chargé de l'action sociale et culturelle et de son chef de cabinet. Il avait un document d'une trentaine de pages pour répondre point par point au rapport de la commission d'inspection parlementaire. Le ministre des Relations avec le parlement, Habib Choubani était également présent. Jusque là, l'athmosphère était plutôt détendue. Le calme qui précède la tempête. Prise de bec entre l'USFP et le PJD La séance d'hier n'a finalement pas échappé aux altercations entre le PJD et l'USFP, devenue rituelles. Cette fois, c'est un différend sur l'opportunité de discuter sur le champ du rapport élaboré par les services de Benhachem ou de reporter ces discussions à une date ultérieure qui a mis le feu aux poudres, confient des sources parlementaires. Ali El Yazghi, du parti de la rose, a interpellé la majorité sur «ce changement de position» puisqu'elle a souhaité, hier, que le dossier soit débattu plus tard, alors que lors de la séance du 4 juillet, majorité et opposition étaient dans le même navire faisant bloc contre Hafid Benhachem, le patron des prisons. Ali El Yazghi a lancé aux députés du PJD et de l'Istiqlal : «est-ce que la majorité est en train de fuir ses responsabilités ?» Ainsi interpellé, un élu du PJD a traité Ali El Yazghi de «fils de baltaji», entraînant la suspension de la séance pendant une vingtaine de minutes. Après le retour au calme, Hafid Benhachem a commencé par lire intégralement son rapport de 37 pages, réfutant en bloc toutes les observations de la commission parlementaire. Dans son rapport, la commission accusait, notamment, des responsables de la Délégation générale de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion de gérer un réseau de trafic de cigarettes et de drogue. En revanche, sur le volet de la corruption, Hafid Benhachem s'est montré plus souple : il a promis de mener une lutter contre elle. La situation à Oukacha n'est pas un fait isolé. Si les ONG des droits de l'homme et les médias s'intéressent souvent aux détenus mis en cause dans des affaires de terrorisme ou d'opinion, la visite, le 24 mai, de commission d'inspection parlementaire à Oukacha a eu le mérite de lever le voile sur les mauvaises conditions d'incarcération subies par les prisonniers de droit commun.