Chahut, cacophonie, anarchie sur les bancs… Non, la scène ne se déroule pas au sein d'une classe d'écoliers turbulents, mais bel et bien en plein hémicycle lors de la séance des questions orales du lundi 22 avril. «J'ai eu du mal à gérer la session. Pour contenir la situation, j'ai été obligée à deux reprises et comme dernier recours à lever la séance et convoquer une réunion avec les présidents des groupes parlementaires», a déclaré à ALM Charafat Afailal, députée PPS, qui a présidé cette séance hebdomadaire. Et d'ajouter: «Ce genre de comportements donne une mauvaise image de l'institution parlementaire, mais n'est pas à dissocier de ce qui arrive dans les Assemblées de tous les pays démocratiques». En effet, des extraits d'enregistrement de la séance parlementaire ont mis en scène des députés surchauffés. La cause? «Le manque de discipline, le dépassement des dispositions du règlement interne de la part de personnes qui revendiquent le respect des lois», déplore Rachid Roukban, président du groupe parlementaire du PPS. Et parmi les actes à l'origine du remous, le fait que Abdelatif Ouahbi, chef du groupe parlementaire PAM, ait usé «à mauvais escient» d'un point d'ordre relatif, selon le règlement interne au déroulement de la séance, pour interpeller les députés sur une question de la politique gouvernementale. Chose qui a suscité l'ire du ministre chargé des relations avec le Parlement soutenu par des députés PJD, avant que le débat ne s'amplifie et s'élargisse à l'ensemble des groupes parlementaires. Interrogé par ALM sur ce dépassement, M. Ouahbi dit assumer son acte: «Mon but était de faire passer par tous les moyens mon message selon lequel le gouvernement dénigre le travail de l'opposition. Le PAM a déposé une proposition relative aux propriétés privées de l'Etat. Le gouvernement a ignoré ce travail préférant lancer un appel d'offres pour l'élaboration d'une loi sur le même sujet», a martelé M. Ouahbi, soutenant que «d'abord un ministre n'a pas à répondre hors questions orales, mais surtout les députés d'un parti ne doivent pas défendre des ministres». Et sur ce dernier point, Hasna Abouzid, députée sahraouie USFP et autre instigatrice de l'agitation qu'a connue la séance, rejoint M. Ouahbi. Selon elle, Abdellah Bouanou, chef du groupe parlementaire du PJD, n'aurait pas dû réagir à son intervention étant donné que sa question orale était adressée au gouvernement critiquant sa gestion de l'affaire du Sahara, et pointant du doigt une approche qu'elle a qualifiée de «traditionaliste, régressive et nourrissant le statu quo». «Un parlementaire est libre d'exprimer sa position en toute responsabilité et ce n'est pas un autre représentant de la nation qui doit le priver de ce droit», souligne Mme Abouzid, tenant à préciser que «contrairement à ce que montrent les extraits des enregistrements, lors de cette séance, il n'était pas question d'un chaos sans raisons, mais d'un véritable débat politique confrontant deux façons de voir les choses, l'une progressiste et l'autre conservatrice».