Le département d'Etat américain vient de publier son rapport 2013 sur la liberté religieuse dans le monde et estime respectivement à 8 000 et 4 000 le nombre de chrétiens et de juifs au sein de la population marocaine. Le rapport note une pleine liberté de la pratique religieuse juive, mais regrette cependant que de nombreux chrétiens marocains ne puissent vivre leur foi sans craindre des représailles de la part de la société et des autorités. Détails. La population marocaine serait constituée de 8 000 chrétiens dont 4 000 citoyens amazighs, indique le US Department of State (Département d'Etat des Etats-Unis), dans son rapport 2013 sur la liberté religieuse paru récemment. La communauté juive quant à elle, d'après la même source serait constituée d'environ 3 000 à 4 000 personnes, dont près de 2 500 résident à Casablanca, une centaine à Rabat, une centaine à Marrakech et le reste répartit sur l'ensemble du territoire national. Les juifs, plus libres que les chrétiens marocains Des deux communautés, les juifs sont ceux qui vivent au mieux la liberté religieuse au Maroc. C'est en tout cas ce qui ressort rapport. «Ils pratiquent ouvertement leur foi et la vive en toute sécurité et des commémorations juives ont eu lieu chaque année à travers le pays», relève le Département d'Etat américain soulignant que les membres de la communauté juive ont été représentés à des niveaux élevés de l'Etat avec notamment André Azoulay, conseiller du roi depuis Hassan II. L'US Department of State note également la présence au Maroc des chambres hébraïques – souvent dites tribunaux juifs – lesquelles s'occupent des affaires relatives au statut personnel des individus de confession juive (mariages, divorces, héritage). Concernant les chrétiens marocains auxquels une bonne partie du rapport a été consacrée, le tableau est cependant différent. Déjà, leur nombre s'est accru ces dernières années, si on considère la note d'un diplomate américain publiée en 2009 selon laquelle cette communauté était à l'époque composée de 5 000 personnes environ. D'après des dirigeants religieux cités dans le rapport du US Department of State, de nombreux chrétiens marocains dissimulent leur foi «craignant d'être surveillés par le gouvernement et persécutés par la société». Souvent menacés par les autorités, parfois à la demande de leurs familles Et c'est l'un des points qui marquent l'état mitigé du respect de la liberté religieuse par le gouvernement et par la société, d'après le rapport. Ce dernier relève des faveurs accordées pour les activités religieuses y compris celles des chrétiens, notamment «des avantages fiscaux, l'octroi de terrains, des subventions et exonérations douanières». Cependant, certains chrétiens marocains sont «persécutés» au sein de la société sans aucune intervention des autorités, dénonce le rapport. Pire, plusieurs d'entre eux affirment qu'ils reçoivent des appels téléphoniques ou des visites des autorités à leur domicile. Ils brandissent alors les listes des membres de réseaux chrétiens, avertissant que leurs activités sont surveillées. Toujours selon le rapport, d'autres Marocains convertis au christianisme disent avoir subi des «pressions» de la part des autorités afin de renoncer à leur foi, celles-ci menaçant d'informer leurs employeurs. Dans certains cas, les autorités ont ainsi procédé à la demande des familles des convertis. D'après l'US Department of State, la loi sur l'interdiction pour un musulman de se convertir à une autre religion et la question du prosélytisme souvent mise en avant par les autorités dans les cas de conversion de Marocains, poussent de nombreux citoyens à vivre leur foi en secret. En général, ils évitent de fréquenter les lieux de cultes chrétiens reconnus et se retrouvent régulièrement dans les «églises de maison», indique le rapport, soulignant ces lieux de rencontre sont très répandus dans le sud du royaume. Selon les chiffres de 2010, 99,9 % de la population marocaine est de confession musulmane. Toutes les autres religions se partagent les 0,1% restant, les chrétiens étant majoritaires. Une répartition qui a placé le Maroc au bas du tableau de l'indice mondial de la diversité religieuse 2014, classé 231ème sur 232 pays. Pour sa part, le gouvernement américain entend poursuivre ses efforts (organisation de débats interreligieux, entretiens avec les autorités locales) via son ambassade au Maroc afin de promouvoir la liberté religieuse à travers le royaume.