Contrairement à l'édition 2011, le rapport américain de cette année sur l'état des libertés religieuses dans le monde est clément avec le Maroc. Le royaume s'en sort bien à l'exception de quelques observations sur les minorités et les barrières dressées par le gouvernement devant les campagnes de prosélytisme des musulmans sunnites de rite malékite. Le Département d'Etat américain a publié, lundi, le rapport 2012 sur les libertés religieuses dans le monde. Le Maroc « continue de respecter le droit de la grande majorité des citoyens à pratiquer leur religion (…) Généralement, les non-musulmans pratiquent leurs confessions librement», lit-on dans le document. Un constat suivi, immédiatement, par cette remarque : «bien que les politiques gouvernementales découragent la conversion de l'islam et interdit les efforts de prosélytisme visant les musulmans». Et d'ajouter que «la loi autorise la prédication de l'islam sunnite selon le rite malékite mais elle prohibe toute tentative de convertir les sunnites malékites à d'autres religions» ou rites. Le harcèlement de la police des chrétiens a baissé L'ensemble des observations du rapport des services de John Kerry est consacré aux minorités. Dans le cas des chrétiens, le Maroc s'en sort plutôt bien. Des témoignages de membres de cette confession font état «de la baisse du harcèlement de la police». Il semble que la série de refoulement, survenus en mars 2010, d'étrangers dont une majorité d'Américains, ayant suivi l'épisode de l'orphelinat d'Aïn Leuh, soit bien révolue. Le document estime que le nombre de chrétiens catholiques avoisine les 25 000 fidèles, généralement des étrangers résidents à Casablanca, Tanger et Rabat. Cette communauté compte également l'adhésion d'autochtones, des Amazighs convertis au christianisme. Ils seraient «4000, vivant principalement dans le sud, qui fréquentent régulièrement les églises et les «maisons»». Certains leaders chrétiens révisent ce chiffre à la hausse et parlent de «8000 marocains dans tout le pays», bien qu'ils évitent de pratiquer librement leur religion par «peur de la surveillance du gouvernement et de la persécution de la société». Très faible présence des chiites Le rapport du Département d'Etat américain s'inscrit en faux contre des discours, en vogue au Maroc, exagérant l'influence des chiites. «Ils sont entre 3000 à 8000» personnes «dont la majorité est originaire du Liban ou d'Irak et quelques citoyens marocains». En 2010, lors de la persécution des autorités des chrétiens, les chiites nationaux ont souffert, également, du même sort. A l'époque le MUR (Mouvement unité et réforme, bras prédicateur du PJD) et le ministère des Affaires islamiques avaient fait campagne tambour battant contre les courants qui menacent «la sécurité confessionnelle des Marocains». Une allusion aux chrétiens et aux chiites. Le document de la diplomatie américaine évoque brièvement les Bahais, une secte islamique dont les fidèles ne dépassent pas les 400 personnes. «Nombreux sont les musulmans qui considèrent la foi Bahai comme une ramification hérétique de l'Islam et les Bahais en apostats. La plupart des membres de cette communauté évite de révéler leur appartenance religieuse», souligne le rapport. Un envoyé spécial américain contre l'antisémitisme Un envoyé spécial américain contre l'antisémitisme Sur le site du département américain, la nouvelle est placée en Une. Elle date de lundi. Et annonce que John Kerry a nommé Ira Forman à la tête d'une instance qui aura pour mission la supervision et la localisation des actes antisémitismes à travers le monde. Justifiant une telle mesure, le département d'Etat se dit « très préoccupé » par « l'augmentation continue d'actes antisémites » particulièrement en Venezuela, Egypte et Iran, comme l'a, d'ailleurs, déploré le rapport sur les libertés religieuses. Le premier acte officiel d'Ira Forman sera de se joindre à un groupe d'imams se rendant dans le camp de mort nazi d'Auschwitz. Ensuite, il prendra la destination de Jérusalem pour participer à la conférence du global forum sur le combat contre l'antisémitisme. Ira Forman, né en 1952, est de confession juive. Il a travaillé au sein de la puissante AIPAC et il était, de 1996 à 2010, le directeur exécutif du National Jewish Democratic Council.