Argent et Sahara, voilà les deux principaux enjeux que soulève l'accord de pêche entre l'Union européenne (UE) et le Maroc. Aujourd'hui, l'UE compte lancer une étude pour avoir les résultats des réalisations de l'actuel accord, annoncait-on jeudi à Bruxelles. Ce bilan aurait des influences sur les négociations entre Bruxelles et Rabat pour le renouvellement de l'accord. A voir si le dossier du Sahara fera partie des éléments pris en compte. Le dossier est sensible, car outre le volet purement économique, il implique directement l'Union Européenne au sujet épineux du Sahara. L'accord de pêche actuel englobe déjà les zones côtières du Sahara. Il est pourtant négocié avec le gouvernement marocain. L'UE ne reconnait pas officiellement le territoire du Sahara comme appartenant au Maroc, mais cet accord de pêche constitue une reconnaissance implicite de la marocanité du Sahara de la part de l'Union Européenne. C'est aussi pour cela que la procédure de négociation d'un nouvel accord importe autant au diffférents partis. Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères, dont le pays a précédé la Belgique à la présidence de l'UE, avait déclaré en février dernier, que l'accord de pêche entre le Maroc et l'UE serait débattu en Commission de pêche du parlement européen (PE). Ce jeudi, l'actuel président du Conseil des ministres des pêches de l'UE, le Belge Kris Peeters, était devant la Commission de pêche du PE, pour exposer les priorités de la présidence belge dans le domaine de la Politique commune de la pêche. L'occasion a été saisie pour parler de l'accord de pêche de juillet 2005 entre Marocains et Européens. Ledit accord d'une durée de 4 ans, expire le 27 février 2011. Il doit être évalué, comme tous les accords de pêche de l'UE avec des pays tiers, avant d'être renouvelé, d'après des explications du ministre-président du gouvernement flamand. Rappelons que face à des revendications de certains eurodéputés – portant notamment sur la résiliation de la convention – la Commission européenne (CE) a une nouvelle fois, demandé au Maroc de lui fournir un rapport sur les retombées de l'accord de pêche sur les populations sahraouies. La question de l'avenir de cette convention de pêche avec le Maroc a été soulevée par un parlementaire socialiste espagnol, Antolín Sánchez Presedo. Car en fin juin, Carmen Fraga, la présidente de la Commission Pêche au PE, a évoqué des problèmes pour le renouvellement de l'accord de pêche, parce qu'il prend fin en 2011 et qu'il n'y a aucun effort en cours pour le renégocier. La semaine dernière, d'après des informations de l'agence EFE, la commissaire européenne à la pêche, María Damanaki, ainsi qu'un groupe d'eurodéputés, ont aussi évoqué des difficultés pour parvenir à la signature d'un nouvel accord. Motif, l'expiration de février 2011 pourrait conduire au retrait de la flotte espagnole des eaux marocaines. Or, cette flotte ibérique représente 101 des 119 bateaux de 11 pays, habilités à pêcher au Maroc, selon les termes de l'accord. Inutile de rappeler que l'accord en question a été trouvé à l'issue de longues et difficiles négociations en juillet 2005. Les navires européens avaient repris leurs captures dans les eaux marocaines en 2007, après 8 ans d'absence. Kris Peeters espère que la Commission européenne (CE) examinera les résultats de l'étude et présentera des propositions convenables pour le renouvèlement de l'accord. Pour le ministre flamand de l'Economie, de la Politique extérieure, de l'Agriculture et de la Ruralité, la convention avec le Royaume du Maroc est «le plus important politiquement en matière de pêche». Cette convention prévoirait un quota annuel de 60 000 tonnes d'espèces pélagiques de petite taille. En échange, l'UE payera 36,1 millions par an au Maroc, dont 13,5 millions affectés au soutien de la politique nationale de pêche sectorielle.